samedi 10 octobre 2020

10 octobre 2020 - Montréal - Re-confinement jour 208

Belle matinée avant que le temps tourne et vire.

Je pensais aller faire du shopping et me poser, mais finalement la météo annonce une vague de froid imminente alors qu'aujourd'hui il fait encore bon. Bref. Passé le Whatsapp de maman et le Zoom des copines, je me mets en route. Un peu l'expédition.... à destination du Parc des Rapides, à la pointe sud de l'île de Montréal... ou l'île qui y est collé depuis que tout a été rassemblé. 

Bus 165, métro jusqu'à Verdun, station de l'Église, et là, je récupère la longue ligne de bus 58 qui longe le fleuve en serpentant entre les quartiers résidentiels. Le périple prend environ une heure depuis chez moi. L'impression de sortir de la ville... ici, sans voiture, tu es mort ! Peu de commerces, peu de transports. 


L'avantage du bus, c'est que tu peux voir le paysage, et ici, ça vaut le coup. De toute façon, il n'y a pas de métro... et à pied, ce sont des kilomètres à avaler ! L'occasion donc de voir à quoi ressemble cette portion de l'agglomération à cheval entre Verdun et LaSalle, avec les parcs et les zones de loisirs qui s'échelonnent le long de la rivière. J'aperçois plusieurs petits restos et lieux qui doivent être bien conviviaux en temps normal... arriveront-ils à survivre au deuxième confinement qui leur est imposé alors qu'on cherche à punir les réfractaires au port du masque et autres mesures de distanciation... 

Au bout de 20 minutes, on arrive au Parc des Rapides, immense, mais je me concentre sur la portion qui s'avance dans le fleuve, point d'observation privilégié sur les rapides de Lachine... 13 mètres de dénivelé en moins d'un kilomètre, à l'endroit où le fleuve se resserre : inutile de dire que ça pulse ! Accessoirement, kayakistes, surfeurs et jet-skieurs s'en donnent à coeur joie dans les rouleaux et le tumulte du fleuve. Également relevé sur un des panneaux d'information : cette portion du fleuve est la seule à rester libre de glace pendant l'hiver car la force du courant ne faiblit en aucune saison. Les oiseaux sont donc en mesure d'y séjourner toute l'année car ils peuvent se nourrir et ne sont pas pris dans la glace. 

Le parc est aménagé sur les restes d'une centrale hydroélectrique au fil de l'eau construite au 19° siècle et détruite depuis (les photos dans l'article wikipedia sont intéressantes pour voir l'évolution urbaine de tout ce secteur), mais il reste les digues et les dénivelés aménagés pour turbiner l'eau qui s'engoufrait là. Du coup, on a une sorte de long îlot relié à la terre ferme par des ponts et des digues, avec un bras presque mort entre les deux. Le bras mort a trois niveaux : le cul de sac du Saint Laurent, une sorte d'étang quelques mètres plus bas, alimenté par l'eau qui descend du fleuve, puis un cul de sac en sens inverse en contrebas de l'étang, où celui-ci se déverse. Cette dernière portion est très peu profonde et emplie d'herbes et de plantes... un paradis pour les oiseaux, très nombreux : grand héron bleu, oies bernaches, mouettes ou goélands, et plein de choses qu'on entend ou qu'on voit de loin... j'ai du mal à tout identifier ! 

À la pointe nord de l'îlot, le fleuve arrache. Sorte de maëlstrom pour s'engoufrer dans l'étroiture entre les îles (île aux Hérons, île aux Chèvres, entre autres confettis éparpillés à cet endroit du fleuve). 

Je mitraille un peu... j'ouvrirai probablement une page à part avec plus de photos. Et je finis par plier bagage lorsque les gouttes se mettent à tomber du ciel avec un peut trop d'insistance, accompagnées d'un vent dément. Un truc à se prendre une branche perdue sur le coin de la figure !

Sur le chemin du retour, je me tape une grande bavette avec un monsieur qui attend la fin de l'averse avec son vélo dans l'abribus. J'ai 15 minutes à patienter, de quoi se raconter une tranche de vie ! Il est noir. Je me demande s'il est haïtien... mais il est anglophone. Originaire de Guyane anglophone (Guyana), la Guyane à l'ouest du Suriname (Guyane hollandaise), elle-même à l'ouest de la Guyane française. Arrivé il y a 21 ans. Il fait dans le "landscaping", comprendre par là, entretien des jardins la moitié de l'année, et déneigement des chemins d'accès privatifs pendant l'hiver (tout ce que ne déneigent pas les engins de la ville). En gros, tout ce que les gens ne veulent ou ne peuvent pas faire eux-même... manier la pelle ou la pioche, par tous les temps... même quand il y a des congères de 4 mètres accumulées à certains angles de rue. Une grande bonté dans son regard, et une reconnaissance d'être ici au Canada.  

Il trouve ma pélerine de randonnée super top... et c'est vrai que cette grande cape est bien pratique. En ce moment je la trimballe dans mon sac à dos tous les jours, à enfiler en urgence par dessus tout, pour protéger veste pas étanche et sac à dos. Les manches sont super longues et la capuche me tombe sous les yeux... à la base, je l'avais prévue pour enfilage au-dessus des gros manteaux d'hiver ou d'un sac à dos XXL. Plus de 10 ans que je l'ai... et elle a déjà fait plusieurs fois le tour du monde dans ma valise de globe-trotter... randonnée du Tongariro en Nouvelle Zélande, sous une pluie de neige fondue, ou grosses averses diluviennes dans le sud-ouest américain. (En général, pour mes escapades, je prends juste une petite veste coupe-vent doublée polaire assez chaude quand même, mais pas couvrante et pas très épaisse !)

Et on discute des arbres, des feuilles multicolores qui jonchent le sol, et ramures dèjà déplumées ou bien encore complètement vert foncées, avec tous les dégradés de teintes entre ces deux extrèmes... il en ramasse des tombereaux en ce moment pour nettoyer les jardins. Demain ou lundi je dois penser à monter au Mont Royal pour ramasser des feuilles d'érable. Au coin de ma rue, les arbres sont presque chauves et les feuilles n'ont pas vraiment eu le temps de passer par les variations de rouges. Maintenant que j'ai un flacon de glycérine, je suis équipée pour conserver les feuilles dans leur parure de feu ! 

Bref. On se quitte quand le 58 arrive à l'arrêt ! De là, direction Station de l'Église à Verdun, puis un coup de métro jusqu'à Atwater pour un tour rapide au centre commercial Alexis Nihon. Virée expresse chez DeSerres. Quelques tubes de couleurs (j'ai fini le tube de blanc légué par Mathilde), un couteau plus petit, qui devrait aller mieux que ma lame trop longue, et un lot de toiles - je suis parée jusqu'à fin novembre, Ensuite, en janvier ou février, je verrai si je me lance sur des toiles plus grandes et de meilleure qualité.

Retour à la maison avant l'orage. Le ciel est de plus en plus plombé. Le vent est déchaîné. On aura droit à un son et lumière, avec le ciel jaune sur l'université et anthracite à l'horizon des Deux-Montagnes. Zébrures et ondes de grêle pour compléter le tableau en version 3D Dolby Surround THX et tout et tout !

Il est temps de m'alimenter... j'ai à peine grignoté deux quartiers de pommes pendant ma balade. Tasse de thé, et va falloir que je m'attelle aux photos du Parc Drapeau, et à celles d'aujourd'hui... curieuse de savoir ce que ça donnera vu que le ciel était bien gris et que le fleuve n'est pas vraiment bleu. Bref... on va jouer sur les camaïeux de gris avec le contraste des feuillages flamboyants. 

Faudra que je retourne au bord de l'eau un jours de beau temps - à vue de nez, on peut crapahuter ou rouler en vélo pendant plusieurs kilomètres, quasiment de l'écluse à la pointe Saint Charles, à côté de chez les copines, jusqu'à l'entrée du canal Lachine à l'autre bout du boulevard LaSalle. Accessoirement, il y a d'autres points d'intérêt dans ce coin-là, notamment une des maisons historiques (https://maisonnivard-de-saint-dizier.com/) de Montréal... pour quand les musées seront à nouveau ouverts. 


Photos à suivre demain... aujourd'hui j'ai la flemme et le téléphone est en charge, la batterie se sentait un peu faible !

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