Fin de la récréation et retour à une créativité plus canalisée que mes petites toiles bohèmes.
Comme souvent, pour ne pas dire tout le temps ou presque, je me lance dans un fond sans filet en recyclant les restes de mes palettes précédentes, patiemment collectés et conservés dans un petit pot en plastique étanche. Je récupère aussi la fin de la palette de Rachel. Ça me donne encore un fond dans les tons rouges - j'aime le rouge, mais avec des trouées bleutées ou ocres. On verra comment je vais pouvoir la "gâcher" sans trop la dénaturer quand même.
Ça me rappelle les ciels avant ou après l'orage vu de mon perchoir. Les nuées noires qui traversent l'horizon avec ou sans pluie, les nuances bleu marine avec des striures carrément diaphanes qui arrivent d'un autre monde, plus apaisé. Bref : va falloir en prendre soin, de ce fond.
J'ai quand même appris une chose : dans mes tableaux, je retravaille le ciel au pinceau, qui me convient vraiment mieux pour les fondus enchaînés, et le sol, plus torturé, reste du domaine de la spatule et des pâtes structurantes. L'art de créer du contraste tant dans la juxtaposition des couleurs que dans l'opposition des textures.
Je n'ai même pas eu le réflexe de retourner ma toile pour voir quel effet j'avais en la mettant dans l'autre sens. Spontanément, le bleu, c'est le ciel. Je suis peut-être passée à côté de quelque chose en restant dans les conventions !
Bref : je suis partie dans un paysage de campagne, avec petits lacs, bosquets charmants, champs labourés aux dessins parallèles... et le ciel inquiétant qui nimbe la scène d'une vapeur rougeâtre.
À suivre... je ne sais pas trop sur quel chemin me faufiler pour entrer dans ce décor un peu pesant.
J'ai pris le parti de faire des petites surfaces structurées. Je repasserai sur les crêtes pour ajouter du contraste et du relief. Quelques taches plus claires aussi, c'est moins étouffant. Ça me fait plus ou moins penser aux Painted Hills ou autre Painted Desert croisés au détour d'une piste en Arizona ou en Oregon. Des collines de toutes les couleurs selon les oxydations qui ont altéré les sols et les reliefs.
Travail minutieux avec une petite spatule... c'est relaxant - on oublie tout quand on se concentre sur les détails ! À ce rythme, j'en ai encore pour deux ou trois séances... la prochaine fois, je reviens sur mes roses et orangés, mélangés à des ocres clairs. Ajouter un peu de végétation, peut-être une présence discrète ou suggérée.
Et je dois voir si je mets définitivement le feu à la colline au fond à droite, ou si je me contente de reflets pouvant évoquer un couchant un peu plus flamboyant que de coutume !
Petite interruption de deux semaines... j'ai choppé la covid et j'étais pas en état d'aller au cours.
Mon paysage est de moins en moins tempétueux. J'y ai ajouté des collines fleuries, des arbres plantés sur l'horizon, des cascades et des coulées de soleil... on dirait de la lave, sur les collines du coin à droite.
Une petite séance plus loin... j'avance pas super vite.
J'ai ajouté des détails subliminaux dans mes massifs et mes collines, cheminements dans des genêts jaunes ou traces de blé en herbe vert tendre, subtil... et la toile n'était pas exposée comme il faut... lumière trop crue et contrastes absorbés. Pas grave.
J'espère la terminer la prochaine fois. Reste à reprendre le ciel en glacis avec les mêmes nuances (retrouver les mêmes teintes que ce que j'avais dans mes petits pots de fins de palette... beige, rose vénitien, carmin, bleu roi et bleu céleste... et autres nuances proches), et finir le cadre dans un mélange de carmin, cramoisi et pourpre.
Une séance plus loin et je m'en sors enfin...
Petit coin de paradis en fleur au milieu d'un océan pas forcément trop accueillant... en attendant la toile suivante.Je vais peut-être éviter le fond rouge avant d'y revenir !
