mardi 8 octobre 2013

8 octobre 2013 - Retour au bercail...

Après un vol sans histoire, où le sommeil est entrecoupé de pauses comateuses, arrivée à Zurich à l'heure et dans la grisaille.

Courte escale, pause débarbouillage rapide pour me rafraîchir, et juste le temps de faire un tour à la librairie du coin en attendant l'affichage de la porte pour le vol de Nice. La presse européenne permet de se remettre à jour dans les affaires courantes... ça ne m'a pas manqué du tout pendant les trois semaines écoulées.

15h35, la porte est affichée. L'heure d'y aller doucement. Pause toilettes, intermède téléphone et internet en attendant l'embarquement. La propreté de cet aéroport me fascinera toujours. Il reste de l'eau savonneuse au pied des baies vitrées et on aperçoit ici et là des préposés au ménage qui s'affairent. Tout cela résume bien Zurich : propre et à l'heure... et une super vitrine pour les produits de luxe, à commencer par l'horlogerie haut de gamme, dans la galerie de la zone Duty Free, pas donnée à tout le monde !

18h15, l'avion se pose à Nice. Le temps de décoincer les portes et de récupérer les bagages... et j'émerge dans l'ébullition niçoise.  

Paola est là... j'avoue que je suis contente de ne pas devoir prendre le bus, et en route pour la maison.
Il fait gris et orageux, quelques gouttes tombent, il y a la circulation des heures de pointe. Quel contraste !

La soirée sera consacrée au déballage des sacs. Comme d'habitude, ils ont été passés au contrôle et je trouve les petites fiches de la TSA dans chaque bagage. J'y ai droit à chaque fois... soit c'est qu'ils contrôlent tout, soit c'est que j'ai vraiment de la chance !   

Je lance une première lessive, puis je scrute le frigo... très vide. Repas vite expédié. Je suis bien déphasée, c'est l'heure du petit déjeuner, un bol de muesli fera l'affaire ! Et pour finir, bricolage sur l'ordinateur à remettre à jour.

Home, Sweet Home. Je suis rentrée et demain je reprends le boulot.
Qui parle de contraste ???

Resteront les photos pour me replonger dans les vacances... coup de blues assuré, et longues soirées en perspective pour tenter de trier tout ce fatras numérique ! Et puis... commencer à gratter quelques idées pour un voyage suivant, lister ce que je n'ai pas pu caser dans les journées cette fois-ci, ajouter les envies qui ont surgi au détour d'un virage ou d'une lecture.
Bref : de quoi laisser l'esprit vagabonder jusqu'à l'année prochaine !

lundi 7 octobre 2013

7 octobre 2013 - Spleen à Las Vegas, vol de retour

J'émerge à 8h après une courte nuit. Pas réveillée du tout.

Petit déjeuner, douche, je referme les bagages pour la dernière fois. A vue de nez, le gros sac fait plus de 30 kg, et le bagage à main doit en faire 20, facile. Ca ne va pas passer du tout... donc ne tergiversons pas plus, il faudra acheter un sac supplémentaire pour ramener le bazar, et moins me prendre la tête sur ce que j'abandonne ici.

Il fait très gris, et l'impression qui se confirme en regardant par la fenêtre, c'est que le béton est omniprésent : Sans les néons, Vegas est moins reluisant. C'est pas aujourd'hui que j'essaierai la piscine non plus, et l'absence de soleil n'encourage pas à remonter en haut de la tour. Ca tombe bien, j'ai pas franchement le temps avec le check-out avant 11h.

A la télé, sur une chaîne locale, ils montrent en entrefilet une manifestation des usagers du Lac Mead qui se sont exprimés sur le Strip ce matin, mettant une belle pagaille à l'heure de reprise du travail. La fermeture des parcs (mais aussi des National Monuments et des National Recreation Area) n'est pas du goût de beaucoup. Les boaters sont frustrés. Ils ne sont pas les seuls.

Je finis par m'arracher vers 10h30. Chargée comme une mule, mais quand même assez fière de pouvoir vider la chambre en un seul voyage, avec le sac à dos, le sac de voyage et un autre bagage à main à bout de bras.
Restitution des badges clés, remplissage de la voiture. Dernier regard aux machines à sous auxquelles je n'aurai pas cédé - je ne me sens décidément pas encore assez frippée pour ça.

Direction le Circus Circus pour tenter de trouver le bureau de poste qu'on m'a indiqué hier soir. Je ne trouve qu'un dépôt UPS / FedEx et PO Boxes où le papy très gentil me dit qu'il se procure ses timbres dans un relais PostNet sur Sahara Avenue, soit chez Albertsons, soit chez Smith. L'occasion d'aller explorer une autre périphérie.

Chose que je n'avais pas remarquée à l'arrivée en septembre : il y a des machines à sous dans les grandes surfaces. Soit dans des zones réservées (sorte de salles informelles), soit alignées en face des caisses. On ne sait jamais... les addictions ont la vie dure, faudrait pas se faire une crise de manque.

Je trouve des timbres chez Albertsons. Ils n'ont que des carnets USA et ne savent pas combien je dois mettre de timbre par carte postale pour l'international. Et ils n'ont pas de rayon bagagerie, mais m'indiquent le shopping mall au bout de Maryland Avenue, à l'angle avec Flamingo.
Dans la foulée, question d'en finir avec le timbrage, je vais voir en face, chez Smith, où se trouve le relais PostNet / UPS. J'en profite pour demander combien coûterait un colis de 10kg pour la France - réponse : 178 USD. A ce compte-là, autant enregistrer un sac supplémentaire, et je pourrai renvoyer mes 20kg de trop sans me prendre la tête. Je prends mon complément de timbres et je poste ma cargaison de cartes. De fait, je ne suis pas du tout certaine de trouver des timbres et une boîte aux lettres à l'aéroport.

Vegas est une ville bizarre. Je continue donc le jeu de piste. Direction Target. Je poursuis mon exploration de la périphérie.
Chez Target, ils ont encore quelques bagages et sacs de voyage (le rayon est en cours d'invasion par les articles d'Halloween) et je jette mon dévolu sur un sac orange à deux strates, qui m'a l'air pratique pour stocker des choses dans deux compartiments distincts, notamment les bâtons de rando et chaussures, et le squeegee, du coup. Il est plus long et plus étroit que mon autre gros sac. Et pas trop cher (40 USD). Ca le fera pour cette fois-ci ! Quelques babioles Halloween complètent le tableau.

Retour sur le parking et je refais mes sacs dans le coffre où je replie la banquette à plat pour avoir de la place. Pour le coup, c'est assez rapide. Je remplis le compartiment inférieur du nouveau sac et je vide une grosse partie du bagage à main et du gros sac. Ca a l'air de s'équilibrer. On pèsera tout ça à l'aéroport pour terminer la manip'.

Je donne la fin du rouleau d'essuie-tout et de la boîte de mouchoirs en papier à la première voiture qui passe - on me jette un regard héberlué, genre "elle est bonne pour l'asile". Dernier plein d'essence à la pompe Chevron qui est au carrefour avec Flamingo, je suis parée pour la restitution de la voiture et le décollage final.

Avec tout ça, il est presque 13h. Largement l'heure de se mettre en route. J'ai le choix entre pousser jusqu'à Tropicana et éviter presque complètement le Strip, ou revenir vers Sahara et tenter de voir un peu à quoi ressemble Las Vegas Boulevard, solution pour laquelle j'opte. Je flippe un peu car ça bouchonne. Je récupère l'avenue un peu trop bas et ne passe donc pas devant le Venetian. En revanche, j'aperçois le Caesar, le Paris, le Bellagio (sans les jeux d'eau), l'Excalibur et des quelques autres palace qui animent le sud du Strip. Il y a des trous béants et des travaux un peu partout, nouveaux casinos en gestation : la ville se renouvelle sans cesse.

J'arrive à l'aéroport vers 14h. Il aura fallu près d'une heure pour couvrir les 6 ou 7 miles entre la pompe à essence et l'aéroport tant ça bouchonne aux abords du Strip.

Retour de la voiture chez Alamo. Aucun souci. J'ai parcouru à peu près 3820 miles (6100 km) pendant mon séjour. La voiture ressemble moyennement à un tas de boue dépoussiéré avec des vitres propres. Heureusement qu'il a plu et venté, ça a fait des nettoyages intermédiaires.

Et je pars avec un sac au bout de chaque bras, le sac à dos sur les épaules pour équilibrer le tout. L'impression d'être une mule malgré tout ! Enregistrement semi-automatisé. Je suis perdue dans mes bagages et mes papiers et une bonne dame vient à la rescousse.

Le gros sac pèse 54 livres, soit 2 kg de trop. Je déplace un bouquin vers l'autre sac, beaucoup plus léger. Au final, le gros fera 50 livres tout rond, et le petit 38 livres, ce qui n'est pas si léger, mais relativement conforme à mes longs voyages précédents ! Je m'abstiens de peser le bagage à main qui me semble lourd à l'épaule... La surtaxe est de 101 USD car je débute le voyage avec United. Il me semble qu'avec Swiss cela aurai coûté 150 USD. J'ai toutes mes cartes d'embarquement jusqu'à destination, et je vais avoir le temps de pique-niquer avant de passer la sécurité pour accéder à la salle d'embarquement.

Pique-nique rapide sur un banc en face des portiques de sécurité. Je termine mon trail-mix et mes boissons diverses, et j'y vais. Déchaussage, vidage de l'électronique. Ils font même se déchausser les gens qui sont pieds nus et en tongues. On rêve. Scan de tous les passagers... mon bandage au poignet semble poser problème, mais ils s'évertuent à le scanner pour s'assurer qu'il ne contient aucune substance illicite ou dangereuse. Un agent de sécurité me fait la conversation sur le thème grande randonnée (j'ai mes grolles toutes boueuses aux pieds) et musée du Louvre (car sa femme est férue d'histoire de l'art).

Je me lance dans les couloirs et le métro pour le transfert vers la salle d'embarquement qui se trouve dans l'autre terminal. Au passage je note qu'il y a des machines à sous partout. A l'arrivée, j'étais trop dans le gaz pour faire dans l'observation, et c'était tellement désert que les lieux avaient un tout autre aspect. Dans d'autres aéroports on se contenterait de solliciter les porte-monnaie pour financer des oeuvres caritatives.


16h. La salle d'embarquement frémit. Le décollage pour SFO se fait à l'heure. On survolle la ville. J'ai une place pile sur l'aile et ne vois donc pas grand chose par le hublot. Pas de chance.

 
Survol du désert, je somnole grave, petite sieste à titre d'acompte. 
 
Arrivée tranquille à SFO après un survol de la baie. La vue est assez claire, on aperçoit les différents ponts (San Mateo, Oakland) et downtown, au loin. Peu de brume aujourd'hui.







Le transfert est super rapide, pas de changement de terminal et de souk à la sécurité. Le stationnement United est dans le secteur Star Alliance... et on voit déjà l'avion de Zurich arrimé à sa porte. L'attente sera courte, il reste à peine une heure avant le décollage suivant. Juste le temps pour un tour rapide dans les quelques boutiques du couloir : trouver des chocolats Ghirardelli (ou des confiseries See's Candies), rafraîchissement sommaire avant d'aborder les 12h du vol suivant.

Je m'installe ensuite dans la salle d'embarquement où un cerbère vérifie sporadiquement la taille et le poids des bagages à main. Je fais profil bas en m'absorbant dans une courte session internet, après avoir échangé mes cartes d'embarquement temporaires contre des cartes en bonne et due forme. L'embarquement commence tôt.

19h25. Décollage pour ZRH en temps et en heure.

J'ai un siège dans la travée centrale, côté couloir, pas le top, mais j'apprécierai d'autant plus la collerette gonflable pour dormir. Je parcours rapidement la liste des films proposés et jette mon dévolu sur Lone Ranger, avec Johnny Depp dans le rôle de l'indien Tonto. Retour sur Monument Valley et quelques autres lieux parcourus récemment, savamment amalgamés à l'écran. Collation, fin du film et je plonge pour un premier sommeil. Ma voisine aura le bon goût de ne pas sortir par mon côté. Quelques intermèdes de réveil prudent et de courte durée avant de replonger. Je suis fracassée de ma presque nuit blanche... autant en profiter.
Le plafond nuageux semble épais, dormez bien, il n'y a rien à voir !

Toutes les photos de la journée sont ICI !

dimanche 6 octobre 2013

6 octobre 2013 - Retour de Paria à Las Vegas, via Valley of Fire

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Jean-Marc. Dernier vrai jour de vacances. Dernière ligne droite avant le vol de retour.

Le Paria Campground était ma dernière étape dans la nature. La nuit a été fraîche... et ce matin il gèle. C'est l'heure de finir la braderie, le "garage sales"!

Quelques chenilles de compétition avaient trouvé refuge sous le plancher de la tente... elles finiront dans l'herbe, sans doute avant d'aller se mettre à l'abri dans le garde-manger improvisé dans une pomme tombée des arbres voisins.


J'offre mes surplus de biscuits au cycliste qui fait la traversée de Tucson à Portland. Il a l'air content. La bâche, un peu trouée fera le bonheur d'un cavalier qui s'affaire autour de son van. Le matelas pneumatique finit au fond d'une poubelle... avec ses micro-fissures, il ne tient plus l'air depuis longtemps et ce n'est donc pas un cadeau !

Je finis par me mettre en route, l'esprit embrumé et les rondeurs de Yellow Rock encore en tête. La route est déserte à cette heure-ci. Passé le grand virage à la sortie de Paria, je m'emballe un peu dans la ligne droite qui file vers Kanab... et c'est là que surgit le Deputy Sheriff Nicholas Bernie, toutes sirènes hurlantes et gyrophare en folie, tel un diable qui sort de sa boîte.

Mais que faisait-il là, embusqué dans son fossé... il n'avait rien de mieux à faire, à cette heure matinale du dimanche ??? Bref... j'écope d'une amende. Speeding ticket. J'allais carrément trop vite. Le shérif mentionnera 65 miles pour 55 autorisés... mais j'allais bien plus vite, grisée par le rayon de soleil et la route déserte. 

Cela étant, c'est une expérience intéressante... la première fois que ça m'arrive au bout de tant de séjours !

Le shérif prend le temps de faire le tour de la voiture en scrutant bien l'intérieur de l'habitacle. La voiture ressemble à un dépotoir ambulant, avec le contenu du roadbook éparpillé sur le siège et le sol du côté copilote, au milieu des cartes et des prospectus divers, le tout agrémenté de paquets de biscuits et autre petit matériel. A l'arrière se trouve tout le matériel de camping et de randonnée... sac à dos, chaussures et bâtons en vrac.

Pendant ce temps, je garde bien les mains sur le volant.

Ensuite, lorsque le shérif a statué sur mon état de touriste randonneuse, il me demande mes papiers et ceux du véhicule, et je prends bien la peine d'annoncer à chaque mouvement ce que je cherche et ce que je fais. En l'occurrence, que je vais devoir fouiller dans mon sac pour repêcher mon passeport et mon permis de conduire, et le contrat de location au fond de la boîte à gant.

Tout est en ordre. Il me dresse la contravention et m'indique la marche à suivre pour payer l'amende par internet. La réduction de la vitesse signalée évite que je doive me présenter au tribunal dans quinze jours... ce qui aurait été fâcheux. Une veine que je reprenne l'avion demain, sinon je ne sais pas du tout si j'aurais eu droit à cette fleur. En attendant, ça me coûtera quand même 95 dollars.

Suite à ce petit interlude joyeusement offert par la maréchaussée locale, je me remets en route à un rythme moins soutenu, en direction de Kanab. Ce genre de rencontre vous calme pour la journée !

Pause à la première station service. Essence et café. J'étudie la carte routière pour voir quelle route je dois prendre maintenant. J'avais prévu de ne pas repasser par Zion, et j'opte donc pour la route qui passe au sud en longeant le côté nord du Grand Canyon, via Fredonia et le Honeymoon Trail. 


Le paysage côté canyon ressemble à une steppe.


Puis on renoue avec quelques jolis reliefs à l'approche de Hurricane.
 




Le Honeymoon Trail chemine jusqu'à St George et son temple mormon. C'était le sentier qu'empruntaient les jeunes gens du sud de l'Utah qui allaient faire célébrer leur union au temple, au terme d'un voyage souvent long et pénible.



Je bats un peu la campagne pour localiser le temple... je n'avais pas imprimé de carte ni pris le temps de me renseigner, et le visitor center est fermé le dimanche.

Je m'octroie le temps de pique-niquer, puis je reprends la route, avec l'intention de m'arrêter à Valley of Fire. Pas trop de temps à perdre, ce n'est pas tout à fait la porte à côté.

J'arrive à l'entrée du parc au milieu de l'après-midi. Tour rapide de "l'éléphant" qui surplombe le parking, puis je vise le visitor center.




Il y a un monde fou : c'est dimanche... et toutes les infrastructures du Lac Mead sont fermées en raison du shutdown. Les tour operators, ici comme à Page, se sont rabattus sur les State Parks pour divertir leurs clients.

Je fais quelques haltes aux points d'intérêts signalés sur la carte du parc. Tronc pétrifié, rochers caractéristiques. Je shunte certaines attractions pour être sûre d'arriver à la "Fire Wave" avant la nuit...






Le parc offre plusieurs sentiers au milieu des roches multicolores. Ici, comme ailleurs sur mon parcours, on a l'impression de se promener dans un grand bac où se seraient mélangés différents parfums de crème glacée : vanille, fraise, orange, noisette, violette... toute la palette y passe.

Mon objectif : la vague. Elle n'est pas aussi impressionnante que celle proche de Paria, mais au moins elle est accessible à tous. Et la bonne heure, c'est avant le coucher du soleil. Il faut donc accélérer un peu si je ne veux pas y arriver dans l'ombre.

Le sentier est maintenant bien balisé. Je n'aurai pas le temps de faire "la boucle au 7 merveilles" qui serpente dans les rochers et les petits canyons, mais la balade est quand même plaisante !














 


Je passe quelques instants à détailler la Fire Wave avant de rebrousser chemin.



Le dernier tronçon du parcours m'amènera à Las Vegas. La lumière décline à toute vitesse, et je serai rattrappée par la nuit bien avant de sortir du parc. J'arrive à trouver l'autoroute, mais je ne sais pas précisément quelle sortie je dois prendre pour arriver à destination. Je décide d'y aller au jugé, en suivant la tour du Stratosphère, repérable de très loin. C'est là que je vais passer la nuit.

J'oblique dans les rues, en suivant le phare au loin. Je suis frappée par le nombre de SDF qui font la mendicité aux feux et stops qui règlent la circulation. La misère est moins visible le jour (la plupart de ces SDF a probablement un petit boulot), et cela ne m'avait pas autant marquée à mon arrivée. Mais là, on ne voit qu'eux, avec leurs baluchons et toute leur fortune qui tient dans quelques sacs.

Le contraste avec la nature que je viens de quitter est saisissant... à la limite du supportable. Le contraste avec les néons et le clinquant du Strip me donne le blues. Je finis par trouver l'entrée de l'hôtel.

Je tourne dans le parking en silo et décide de me poser à proximité d'un ascenseur. Je vais devoir vider complètement la voiture afin de refaire mes sacs, et donc prévoir de faire un voyage de plus entre ma chambre et le parking.

Comme tous les grands hôtels du Strip, le Stratosphere est gigantesque. La caractéristique de cet hôtel, c'est sa grande tour "stratosphérique" qui permet, de son sommet, d'avoir une vue à 360° sur toute l'agglomération.

Je me perds un peu dans le hall avant de trouver la réception pour faire le check-in. Le cheminement fait passer au milieu des machines à sous, des panneaux indicateurs orientent les chalands vers les différentes zones du casino.

Je récupère ma clé, et je me mets en quête de ma chambre. Je n'ai pas bien compris les explications de la dame au comptoir, et je me retrouve dans un couloir qui n'est manifestement pas celui où se trouve ma chambre : je n'ai pas pris le bon ascenseur, et je ne suis donc pas du tout au bon endroit.
Telle une petite shadok, je reprends donc l'ascenseur pour le rez de chaussée, puis j'avise le bon couloir, et le bon ascenseur, dans un recoin perdu... moins chic par là !

Ma chambre est petite. Vu sur l'arrière, sur une mer de béton. Pas d'internet gratuit. Je m'occupe de vider la voiture tout de suite, question d'avoir tout mon bazar sous la main quand j'entreprendrai de replier tout le paquetage. Cela prend un peu de temps : la traversée de l'hôtel, les navettes en ascenseurs prennent près de 20 minutes pour arriver à la voiture !

Et à chaque fois, on traverse les salles de machines à sous. C'est glauque. Petites vieilles accrochées au bras des bandits manchots. Pathétique.

Je m'accorde une pause avant la corvée des bagages : je monte en haut de la tour panoramique. C'est un avantage offert gratuitement aux résidents de l'hôtel et je ne vais pas m'en priver ! Le contrôle de sécurité est sérieux. On doit montrer patte blanche avant d'accéder à l'ascenseur qui nous emportera au septième ciel.

La vue de là-haut est chouette. On repère tous les autres hôtels connus. Acte manqué, j'ai oublié l'appareil photo dans ma chambre, et vu le cirque avec l'ascenseur, je ne vais pas y retourner.

Quelques attractions attirent jeunes et moins jeunes en manque d'émotions fortes. Pour ma part, je m'attelle aux dernières cartes postales... mais ils ne vendent pas de timbres, ou alors dans des distributeurs qui ne fonctionnent qu'avec des quarters... et il me faudrait une valise de petites pièces pour acheter tous les timbres dont j'ai besoin.

Je redescends au bout d'un moment, et essaie de trouver des timbres dans une des autres boutiques, mais c'est pareil partout. Il faudra que je trouve une solution demain, en ville.

L'heure a sonné de me mettre au tri de mon bazar et au remplissage des sacs de voyage. La tente, que j'ai étendue sur le sol de la chambre avant de partir en balade, est enfin sèche et propre. Je vais pouvoir la rouler bien serré pour qu'elle prenne le minimum d'espace.  
Je commence par faire des piles thématiques : prospectus, linge, bouquins, chaussures, cartes, roadbook, pharmacie, bouffe résiduelle...
J'élimine la partie périmée de la pharmacie (j'avais emporté la fin des médocs du voyage précédent), j'y vais un peu à la serpe dans les docs diverses glânées au cours du périple.
Je me mets au remplissage méthodique du grand sac, puis du sac à dos, en tassant et en optimisant tous les espaces.
4h du matin... ça y est : tout est rentré. Ca pèse comme un âne mort. Ca ne passera jamais à la pesée ! J'aviserai demain. C'est l'heure de dormir maintenant.

Toutes les photos de la journée sont ICI !

samedi 5 octobre 2013

5 octobre 2013 - Autour de Paria : Yellow Rock, Old Pariah Movie Set

Réveil radieux ce matin... il fait bien frais, le ciel est limpide, et j'ai le temps de souffler. 
 
Je prends donc modérément mon temps aujourd'hui, pas de longue route prévue, mais plutôt l'exploration d'un bout de la "CCR", la Cottonwood Canyon Road, qui doit être à nouveau passable au moins jusqu'à Yellow Rock. 

Il s'agit donc de petit-déjeuner correctement question de ne pas avoir faim trop tôt. Je n'ai pas l'intention de pique-niquer vraiment en haut de la montagne jaune - Yellow Rock.

En plus, j'entreprends de ré-étancher la couture du plancher de la tente... ça fait déjà 3000 bornes, depuis Grand Tetons, que je trimballe le tube de colle néoprène qui va bien, mais jamais trouvé le temps de me poser deux nuits de suite au sec pour me lancer dans le rafistolage.

Là, je profite de ce que la tente est posée pour plusieurs jours et que la réparation aura le temps de sécher avant de réinstaller le campement ce soir ou le repliage demain matin.

En route alors que le soleil est déjà relativement haut... ça me va bien. 

La Cottonwood Canyon Road dont l'entrée semblait bien chaotique s'avère roulante... avec de belles ornières à éviter si on ne veux pas tomber tout droit dans la Paria River. 
Le décor est désertique, avec des badlands gris au loin. La piste monte et descend gentiment, ondule au gré des aspérités du terrain environnant.

J'arrive en vue de Yellow Rock. On ne peut pas le louper, le dôme jaune dépasse au-dessus des crêtes qui bordent la route. Je ne suis pas bien sûre d'avoir noté l'emplacement du parking le plus adapté. Je poursuis un peu plus loin, pour avoir une vue différente, puis je reviens sur mes traces, avant de m'installer au parking officiel. 
La boîte métallique au trailhead renferme le registre des randonneurs. Je le remplis... j'y retrouve le nom des baroudeurs allemands qui logeaient au Pariah Campground hier soir. 

Et j'attaque la randonnée, après quelques interrogations... donc d'abord en remontant le cours du ruisseau. Le décor indique clairement que les eaux sont montées en force et ont tout noyé dans leur furie des dernières semaines. Je patauge sur quelques centaines de mètres avant d'aviser le corridor qui permet de franchir la crête du contrefort de Yellow Rock. 

Du sommet, le sentier suit la crête et offre une superbe vue sur les formations géologiques environnantes... on croirait qu'un dragon géant borde la piste, ou plus exactement que les écailles de son dos forment une escorte dinausoresque ! 

Le terrain commence à se strier d'ocres, de roses, de jaune franc, de blanc, de framboise écrasée... bref, c'est une sorte de festival de couleurs. S'il n'y avait pas la chaleur, on pourrait se croire dans le bac d'un glacier géant dont on voudrait essayer tous les parfums, de la vanille classique aux sorbets les plus alléchants ! 

Bref... je m'éclate à trouver les dessins et circonvolutions les plus éclatants. Et je retombe sur Jason et son chien, qui bivouaquent dans le secteur depuis quelques jours. C'est plutôt marrant... je ne pensais pas le revoir... le territoire est vaste, et les canyons à explorer sont nombreux. 


Après un bon moment à sauter d'une ligne à l'autre, j'envisage de redescendre... question de rentrer au camping avant la nuit après deux ou trois autres choses à voir par ici. La descente du corridor s'annonce plus délicate que la montée : pierres qui roulent, vue vertigineuse, je m'arme de courage et je m'accroche aux bâtons. Ce n'est pas le moment de me casser une jambe ou de vriller le genou...

Je retrouve Jason qui est aussi en train de reprendre la route. Il était garé à un autre parking plus près du corridor de montée, qui évitait de faire 200 mètres dans le ruisseau. J'en profite pour lui léguer la fin de mes lingettes et de mon PQ, quelques bidons d'eau vides ou pleins, et quelques autres bricoles que je rembarque pas et qui lui serviront. Il compte rester dans le secteur encore quelques mois avant de rentrer chez lui à Phoenix.

On se dit adieu, et je pars pour Old Pariah, le site d'anciens tournages de cinéma, sans doute une annexe des studios de Kanab, à la grande époque des westerns. On s'y croirait... dommage que des crétins aient incendié ce qui restait des vieux décors. Le site est bien en vrac suite aux inondations récentes. Quand la rivière sort de son lit, rien de lui résiste. Impossible de pousser plus loin que le parking en voiture. J'irai à pied jusqu'au cimetière, ne sachant pas trop si je suis la piste ou le lit d'un torrent. 
Les nuits d'orage doivent être dantesques ici : les badlands environnants constituent un entonnoir géant faisant converger toute l'eau qui tombe du ciel vers la rivière toute proche... la capillarité fait le reste, l'eau monte de plusieurs mètres en quelques minutes, emportant tout sur son passage. 2013 est une année particulièrement désastreuse pour ce qui est des flash floods et j'ai de la chance d'être passée juste après les épisodes les plus meurtriers.

Le soleil décline vite derrière les collines et avec la nuit qui vient, la fraîcheur s'installe rapidement. Il est temps de rentrer au camping.

J'ai pour voisin un jeune homme qui fait un bout de la traversée des USA. De Portland (Oregon) à Tuscon (Arizona) pour être précise. Il a prévu trois mois pour son trajet. Ca m'impressionne toujours ! Je lui lègue la fin des victuailles qui ne me serviront plus, en particulier les biscuits aux figues et autres en-cas énergétiques bien pratiques à grignoter sans devoir s'arrêter. 

Pour le reste, le "garage sale" se terminera demain matin, avec le matériel de camping que je ne rembarque pas.

Il fait un froid de gueux et j'expédie le pique-nique crépusculaire. Je squatte la salle de billard pour consulter internet, fait trop froid dehors. Je ne m'attarde pas outre-mesure. Je suis fourbue, la douche bien chaude m'a remise sur pied et je vais me blottir dans mon cocon pour une dernière nuit sous la tente. 
Demain soir, c'est Las Vegas qui m'attend... et je ne suis pas sûre d'apprécier le retour à la civilisation plus que ça ! 

En attendant un choix de photo sur mesure, et la carte du jour...

Toutes les photos de la journées sont ICI !