dimanche 6 octobre 2013

6 octobre 2013 - Retour de Paria à Las Vegas, via Valley of Fire

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Jean-Marc. Dernier vrai jour de vacances. Dernière ligne droite avant le vol de retour.

Le Paria Campground était ma dernière étape dans la nature. La nuit a été fraîche... et ce matin il gèle. C'est l'heure de finir la braderie, le "garage sales"!

Quelques chenilles de compétition avaient trouvé refuge sous le plancher de la tente... elles finiront dans l'herbe, sans doute avant d'aller se mettre à l'abri dans le garde-manger improvisé dans une pomme tombée des arbres voisins.


J'offre mes surplus de biscuits au cycliste qui fait la traversée de Tucson à Portland. Il a l'air content. La bâche, un peu trouée fera le bonheur d'un cavalier qui s'affaire autour de son van. Le matelas pneumatique finit au fond d'une poubelle... avec ses micro-fissures, il ne tient plus l'air depuis longtemps et ce n'est donc pas un cadeau !

Je finis par me mettre en route, l'esprit embrumé et les rondeurs de Yellow Rock encore en tête. La route est déserte à cette heure-ci. Passé le grand virage à la sortie de Paria, je m'emballe un peu dans la ligne droite qui file vers Kanab... et c'est là que surgit le Deputy Sheriff Nicholas Bernie, toutes sirènes hurlantes et gyrophare en folie, tel un diable qui sort de sa boîte.

Mais que faisait-il là, embusqué dans son fossé... il n'avait rien de mieux à faire, à cette heure matinale du dimanche ??? Bref... j'écope d'une amende. Speeding ticket. J'allais carrément trop vite. Le shérif mentionnera 65 miles pour 55 autorisés... mais j'allais bien plus vite, grisée par le rayon de soleil et la route déserte. 

Cela étant, c'est une expérience intéressante... la première fois que ça m'arrive au bout de tant de séjours !

Le shérif prend le temps de faire le tour de la voiture en scrutant bien l'intérieur de l'habitacle. La voiture ressemble à un dépotoir ambulant, avec le contenu du roadbook éparpillé sur le siège et le sol du côté copilote, au milieu des cartes et des prospectus divers, le tout agrémenté de paquets de biscuits et autre petit matériel. A l'arrière se trouve tout le matériel de camping et de randonnée... sac à dos, chaussures et bâtons en vrac.

Pendant ce temps, je garde bien les mains sur le volant.

Ensuite, lorsque le shérif a statué sur mon état de touriste randonneuse, il me demande mes papiers et ceux du véhicule, et je prends bien la peine d'annoncer à chaque mouvement ce que je cherche et ce que je fais. En l'occurrence, que je vais devoir fouiller dans mon sac pour repêcher mon passeport et mon permis de conduire, et le contrat de location au fond de la boîte à gant.

Tout est en ordre. Il me dresse la contravention et m'indique la marche à suivre pour payer l'amende par internet. La réduction de la vitesse signalée évite que je doive me présenter au tribunal dans quinze jours... ce qui aurait été fâcheux. Une veine que je reprenne l'avion demain, sinon je ne sais pas du tout si j'aurais eu droit à cette fleur. En attendant, ça me coûtera quand même 95 dollars.

Suite à ce petit interlude joyeusement offert par la maréchaussée locale, je me remets en route à un rythme moins soutenu, en direction de Kanab. Ce genre de rencontre vous calme pour la journée !

Pause à la première station service. Essence et café. J'étudie la carte routière pour voir quelle route je dois prendre maintenant. J'avais prévu de ne pas repasser par Zion, et j'opte donc pour la route qui passe au sud en longeant le côté nord du Grand Canyon, via Fredonia et le Honeymoon Trail. 


Le paysage côté canyon ressemble à une steppe.


Puis on renoue avec quelques jolis reliefs à l'approche de Hurricane.
 




Le Honeymoon Trail chemine jusqu'à St George et son temple mormon. C'était le sentier qu'empruntaient les jeunes gens du sud de l'Utah qui allaient faire célébrer leur union au temple, au terme d'un voyage souvent long et pénible.



Je bats un peu la campagne pour localiser le temple... je n'avais pas imprimé de carte ni pris le temps de me renseigner, et le visitor center est fermé le dimanche.

Je m'octroie le temps de pique-niquer, puis je reprends la route, avec l'intention de m'arrêter à Valley of Fire. Pas trop de temps à perdre, ce n'est pas tout à fait la porte à côté.

J'arrive à l'entrée du parc au milieu de l'après-midi. Tour rapide de "l'éléphant" qui surplombe le parking, puis je vise le visitor center.




Il y a un monde fou : c'est dimanche... et toutes les infrastructures du Lac Mead sont fermées en raison du shutdown. Les tour operators, ici comme à Page, se sont rabattus sur les State Parks pour divertir leurs clients.

Je fais quelques haltes aux points d'intérêts signalés sur la carte du parc. Tronc pétrifié, rochers caractéristiques. Je shunte certaines attractions pour être sûre d'arriver à la "Fire Wave" avant la nuit...






Le parc offre plusieurs sentiers au milieu des roches multicolores. Ici, comme ailleurs sur mon parcours, on a l'impression de se promener dans un grand bac où se seraient mélangés différents parfums de crème glacée : vanille, fraise, orange, noisette, violette... toute la palette y passe.

Mon objectif : la vague. Elle n'est pas aussi impressionnante que celle proche de Paria, mais au moins elle est accessible à tous. Et la bonne heure, c'est avant le coucher du soleil. Il faut donc accélérer un peu si je ne veux pas y arriver dans l'ombre.

Le sentier est maintenant bien balisé. Je n'aurai pas le temps de faire "la boucle au 7 merveilles" qui serpente dans les rochers et les petits canyons, mais la balade est quand même plaisante !














 


Je passe quelques instants à détailler la Fire Wave avant de rebrousser chemin.



Le dernier tronçon du parcours m'amènera à Las Vegas. La lumière décline à toute vitesse, et je serai rattrappée par la nuit bien avant de sortir du parc. J'arrive à trouver l'autoroute, mais je ne sais pas précisément quelle sortie je dois prendre pour arriver à destination. Je décide d'y aller au jugé, en suivant la tour du Stratosphère, repérable de très loin. C'est là que je vais passer la nuit.

J'oblique dans les rues, en suivant le phare au loin. Je suis frappée par le nombre de SDF qui font la mendicité aux feux et stops qui règlent la circulation. La misère est moins visible le jour (la plupart de ces SDF a probablement un petit boulot), et cela ne m'avait pas autant marquée à mon arrivée. Mais là, on ne voit qu'eux, avec leurs baluchons et toute leur fortune qui tient dans quelques sacs.

Le contraste avec la nature que je viens de quitter est saisissant... à la limite du supportable. Le contraste avec les néons et le clinquant du Strip me donne le blues. Je finis par trouver l'entrée de l'hôtel.

Je tourne dans le parking en silo et décide de me poser à proximité d'un ascenseur. Je vais devoir vider complètement la voiture afin de refaire mes sacs, et donc prévoir de faire un voyage de plus entre ma chambre et le parking.

Comme tous les grands hôtels du Strip, le Stratosphere est gigantesque. La caractéristique de cet hôtel, c'est sa grande tour "stratosphérique" qui permet, de son sommet, d'avoir une vue à 360° sur toute l'agglomération.

Je me perds un peu dans le hall avant de trouver la réception pour faire le check-in. Le cheminement fait passer au milieu des machines à sous, des panneaux indicateurs orientent les chalands vers les différentes zones du casino.

Je récupère ma clé, et je me mets en quête de ma chambre. Je n'ai pas bien compris les explications de la dame au comptoir, et je me retrouve dans un couloir qui n'est manifestement pas celui où se trouve ma chambre : je n'ai pas pris le bon ascenseur, et je ne suis donc pas du tout au bon endroit.
Telle une petite shadok, je reprends donc l'ascenseur pour le rez de chaussée, puis j'avise le bon couloir, et le bon ascenseur, dans un recoin perdu... moins chic par là !

Ma chambre est petite. Vu sur l'arrière, sur une mer de béton. Pas d'internet gratuit. Je m'occupe de vider la voiture tout de suite, question d'avoir tout mon bazar sous la main quand j'entreprendrai de replier tout le paquetage. Cela prend un peu de temps : la traversée de l'hôtel, les navettes en ascenseurs prennent près de 20 minutes pour arriver à la voiture !

Et à chaque fois, on traverse les salles de machines à sous. C'est glauque. Petites vieilles accrochées au bras des bandits manchots. Pathétique.

Je m'accorde une pause avant la corvée des bagages : je monte en haut de la tour panoramique. C'est un avantage offert gratuitement aux résidents de l'hôtel et je ne vais pas m'en priver ! Le contrôle de sécurité est sérieux. On doit montrer patte blanche avant d'accéder à l'ascenseur qui nous emportera au septième ciel.

La vue de là-haut est chouette. On repère tous les autres hôtels connus. Acte manqué, j'ai oublié l'appareil photo dans ma chambre, et vu le cirque avec l'ascenseur, je ne vais pas y retourner.

Quelques attractions attirent jeunes et moins jeunes en manque d'émotions fortes. Pour ma part, je m'attelle aux dernières cartes postales... mais ils ne vendent pas de timbres, ou alors dans des distributeurs qui ne fonctionnent qu'avec des quarters... et il me faudrait une valise de petites pièces pour acheter tous les timbres dont j'ai besoin.

Je redescends au bout d'un moment, et essaie de trouver des timbres dans une des autres boutiques, mais c'est pareil partout. Il faudra que je trouve une solution demain, en ville.

L'heure a sonné de me mettre au tri de mon bazar et au remplissage des sacs de voyage. La tente, que j'ai étendue sur le sol de la chambre avant de partir en balade, est enfin sèche et propre. Je vais pouvoir la rouler bien serré pour qu'elle prenne le minimum d'espace.  
Je commence par faire des piles thématiques : prospectus, linge, bouquins, chaussures, cartes, roadbook, pharmacie, bouffe résiduelle...
J'élimine la partie périmée de la pharmacie (j'avais emporté la fin des médocs du voyage précédent), j'y vais un peu à la serpe dans les docs diverses glânées au cours du périple.
Je me mets au remplissage méthodique du grand sac, puis du sac à dos, en tassant et en optimisant tous les espaces.
4h du matin... ça y est : tout est rentré. Ca pèse comme un âne mort. Ca ne passera jamais à la pesée ! J'aviserai demain. C'est l'heure de dormir maintenant.

Toutes les photos de la journée sont ICI !

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