dimanche 29 mai 2016

29 mai 2016 - Mesa Verde de mesa en mesa

Réveil tranquille. Ce matin j'y vais cool. J'irai me prendre une bonne douche après le petit déjeuner, et je ferai un brin de lessive en passant. 
Soleil radieux, ciel bleu, et petite fraîcheur qui réveille. La journée s'augure bien !

 
Ensuite, direction le Visitor Center
, qui se trouve avant la barrière d'accès au parc. Là, c'est l'erreur funeste. Il y a une file super longue pour l'entrée au parc, et je vais perdre le bénéfice d'avoir dormi à l'intérieur des limites. Tant pis. Ca me laissera le temps de lire la documentation ! Faut dire que je pensais m'arrêter chez les rangers à Morefield, mais leur cahute n'était pas ouverte.

Je me renseigne pour savoir s'il y a des visites guidées possibles demain, vu que pour aujourd'hui tout est complet. Rien avant demain après-midi, et manifestement le camping affiche toujours complet donc pas moyen de rajouter une nuit. Tant pis. J'ai bien fait de réserver une visite spéciale pour ce soir sur le site de réservation des parcs.

Je demande quelques renseignements sur Wetherill Mesa, et c'est parti pour découvrir la partie du parc qui n'ouvre que pendant l'été... après une queue à l'entrée qui se résorbe assez rapidement : à peine eu le temps de lire la doc pour me rafraîchir la mémoire !



La route d'accès est particulièrement tortueuse et sinueuse, de vraies montagnes russes... ce qui explique qu'elle soit fermée pendant la période hivernale car probablement impossible à maintenir en état s'il y a de la neige. 

On découvre les zones qui ont brûlé dans les dernières décennies et qui mettront plusieurs centaines d'années à retrouver leur physionomie : les genévriers ont une croissance extrêmement lente en raison des conditions climatiques locales... 


Stationnement laborieux... on sent que c'est un gros week-end, et les voitures sont posées de façon un peu anarchique, étonnamment quand on connaît la discipline presque maladive des américains dès qu'il s'agit de respecter la réglemenation.

Première chose à voir, la grande alcôve en accès libre qui abrite Step House, à laquelle on accède par un sentier bucolique qui descend le long de la falaise. 





La foule est au rendez-vous... l'autre maison en alcôve visitable sans guide, Spruce Tree House, est fermée pour une durée indéterminée car la roche s'effrite et les chutes de pierres représentent un danger certain.

Step House, donc, ainsi nommée car elle présente plusieurs échelles creusées dans la roche, qui servaient d'escaliers pour escalader la falaise aux époques où l'alcôve était habitée. 
Le site a été restauré et permet de se représenter la structure de base de l'habitat : maisons carrées, kiva rondes, avec un ranger dispensant des explications à qui le demande.




Fin de la visite et on remonte sur le plateau. L'occasion d'apercevoir la Chapin Mesa juste en face.


La suite de la visite se déroule sur le plateau, dépourvu d'ombre toujours à cause des incendies qui ont tout ravagé il y a une vingtaine d'années. 


Il y a quelques sites intéressants à voir, regroupés sous l'étiquette "Badger House Community" .

J'avoue que les panneaux sont bien faits, et la progression des visites aussi... ça me resitue un peu les différentes périodes d'occupation des sites, qui s'étalent sur plusieurs milliers d'années, l'apothéose étant entre 1200 et 1300, avant la disparition assez brutale des populations qui habitaient ici, sans doute en raison d'une sécheresse plus longue que de coutume qui a poussé les gens à partir. On parle d'une sécheresse qui aurait duré trois ou quatre générations, plus de 50 ans. 

L'habitat, à l'origine éparpillé sur le plateau, au milieu des zones cultivables a progressivement migré vers la sécurité des falaises, probablement pour se défendre contre des agresseurs extérieurs. Le tout dénote d'une mutation et d'un appauvrissement des ressources, faune et flore, et de la pression exercée par l'accroissement de l'occupation humaine sur cet environnement fragile.

Les sites sont ici à l'abri de grands hangars, pas évidents à photographier, avec un bout de balade entre chaque arrêt !






Après les habitats éparpillés sur le plateau, j'opte pour le détour vers Nordenskiöld Site #16, qui se situe approximativement sous le chemin qui borde le canyon. L'un des nombreux sites qui trouent la falaise.



 




Je finis mon tour de Wetherill Mesa vers 14h30, prends le temps de me rafraîchir un peu. Je dois être à Cliff Palace vers 19h, ce qui me laisse tout le temps nécessaire à la visite de Mesa Top Loop.

Entre les deux, quelques arrêts "points de vue" que j'ai manqués à l'aller... vue sur le canyon qui borde Wetherill à l'ouest, aperçu de Shiprock dans le lointain derrière la barre bleutée qui coupe l'horizon.




Et j'attaque la Mesa Top Loop, qui offre plusieurs sites à la visite, un peu comme sur la Wetherill Mesa, plusieurs sites sur le plateau, et de nombreux autres lovés dans les creux des falaises qui bordent les canyons. 


Là aussi, les différents vestiges permettent de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre, et on découvre plusieurs types d'habitats. 
A noter que les distances sont énormes dans ce parc. Ca prend une bonne heure du camping à Wetherill Mesa, puis de nouveau une heure pour aller à Chapin Mesa. Et le retour de Chapin Mesa au camping, de nuit, prendra plus d'une heure à vitesse réduite... route sinueuse, nuit bien noire.





Les sites incrustés dans la falaise sont légions et les points de vue se succèdent. 




L'étagement des sites commence à mi-hauteur dans le canyon, pour se terminer sur le plateau. Succession des époques, réutilisation éventuelle des matériaux, subtilités architecturales différentes.

On aperçoit Sun Temple, posé sur le plateau et qui coiffe ces différents étages d'occupation. Grosses murailles qui entourent un lieu propice aux rencontres et aux échanges dans ces périodes lointaines, ou bien lieu de culte... en tout cas, pas un endroit où les gens habitaient.








On aperçoit aussi les portions calcinées de la mesa... la broussaille qui prend possession des terrains rappelle que ce sont des feux déjà anciens et que la végétation plus haute ne reviendra que dans des décennies.




A longer les doigts de la main que forme le groupe de mesas ici, je finis par arriver à Sun Temple, lieu particulier qui ne pouvait pas être une habitation et donc probablement plutôt un lieu de culte ou de réunion, sorte de grande agora au confluent des canyons. 






De là, on est pile en face de Cliff Palace, sorte de mise en bouche de la visite à venir !




18h30, visites terminées sur le plateau principal, je peux me rendre à Cliff Palace tranquillement. Le temps d'observer la falaise d'en face, où j'étais il y a quelques minutes, et d'admirer le site avec un peu de hauteur





Là, c'est carrément le Superintendant du parc, Jesse Nusbaum, qui nous fait la visite "Twilight Photography Tour", visite chargée d'émotion pour lui, car il arrive en fin de carrière et que cette visite lui rappelle ses débuts de ranger il y a fort longtemps. Bon, j'ai carrément loupé son portrait... gros flou de bougé, pas vraiment rattrapable.


La lumière illumine encore l'ocre de la falaise, il faut en profiter. Le soleil est en train de passer de l'autre côté de Chapin Mesa et nous serons bientôt dans des tonalités plus crépusculaires. 



Notre guide nous explique que c'est grâce à la photo et à l'impact de la photo que le parc a été créé il y plus d'un siècle, en 1906, juste après l'acte de naissance du National Park Service (qui ne s'appelait pas encore comme ça). En effet, les photos publiées à l'époque ont fait prendre conscience du patrimoine exceptionnel qui était enfoui dans ces canyons, et des dégradations fulgurantes qu'ils ont subi dès que les lieux ont été connus. La photographie a permis de démontrer qu'il était nécessaire de protéger ces sites sérieusement. Et donc, guider ce tour "Twilight photography" lui rappelle la genèse du parc. 

Cliff Palace est l'alcôve emblématique de Mesa Verde. Très vaste, elle abrite plusieurs kivas, ce qui laisse penser que le lieu jouait un rôle qui dépassait celui de simples habitations pour être une sorte de place de marché où s'échangeaient biens matériels, denrées, idées et solutions techniques. On estime à plus de 200 personnes le nombre de résidents de cette seule implantation. De mémoire... je vérifierai à l'occasion, mais la densité de population est assez frappante et explique en grande partie la pression effectuée sur l'environnement accompagnée de la raréfaction progressive du gibier, la disparition de la grande faune, puis l'appauvrissement des sols avec des récoltes qui ne suffisaient plus... jusqu'à ce qu'une longue période de sécheresse assène le coup de grâce irréversible.




Les greniers coincés dans le dernier repli de la voûte, au-dessus des maisons, contenaient encore des petites réserves de grains... signe que le départ des derniers habitants, autour de 1230, fut rapide pour ne pas dire précipité. Il s'agissait probablement de la fin des stocks de sécurité constitués pour tenir quelques années de maigres récoltes, et sans doute insuffisants pour assurer la survie de la "colonie" une année de plus.










Le soleil finit de basculer au dessus du bord du canyon... lumière interlope où l'ombre commence à gagner du terrain.  


Les commentaires mêlent données archéologiques, anecdotes et souvenirs personnels. Un grand moment avec un grand bonhomme qui connaît ce parc mieux que quiconque. 











Fin de la visite à 20h45, contente d'avoir pu revoir ce site dans de telles conditions. Et j'ai gagné un ticket pour aller visiter Balcony House demain matin, car un des autres participants à la visite avait des billets qui ne lui serviront pas suite à un changement de plan. Le groupe de visiteurs-photographes (ou pas) était bien sympathique, et surtout, nous n'étions qu'une grosse dizaine, au lieu des groupes de 50 personnes qui sont le lot normal des visites guidées dans la journée... comme on le voit sur une des photos prises de Sun Temple.

Retour au camping à la nuit largement tombée. Je re-mange dans mon coffre avant de me mettre au chaud. Contente de ma journée. 


L'aventure continue demain... et demain soir, c'est Moab, avec une grosse inconnue pour ce qui est du camping.
Selon ce que j'ai entendu en discutant avec le groupe ce soir, c'est qu'il y a plus d'une heure d'attente pour entrer dans le parc à Arches et qu'on a intérêt à y être à 7 heures du matin, avant l'ouverture de la station d'entrée. Donc hors de question d'être à la pêche au camping dans le même créneau horaire. Croisons les doigts.


***
Voici la carte du jour : 


Et la même en couleur avec le détail des visites, en quelque sorte :  



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