vendredi 13 mai 2016

13 mai 2016 - Great Sand Dunes > Taos

Réveil super matinal. J'ai dormi comme une marmotte, enfouie dans ma montagne de duvets. Pas un bruit, le sol sablonneux étouffe les vibrations éventuelles. 
5h30, j'ouvre un oeil... je m'accorde quelques minutes de répit avant de sortir de  ma tanière. 
6h, j'ai replié mes sacs de couchage et réussi à trouver comment purger le matelas pour le replier... en l'état, je ne peux pas le sortir de la tente, vu qu'il occupe tout l'espace. C'était d'ailleurs très confortable, pas besoin de me cramponner au bord. Il reste juste une rigole contre la porte permettant de stocker boîte de mouchoir et chaussures. 

Bref. Je vais me débarbouiller sommairement au bloc sanitaire tout proche, j'avale un bout de pain, et je me mets en route, appareil photo en bandoulière, sur le sentier qui passe à 20 mètres de la tente. Je découvrirai ensuite que le chemin qui part derrière la tente est un raccourci qui amène à ce sentier.


La vallée est encore plongée dans l'ombre de la montagne. C'est la raison pour laquelle les couchers de soleil sont ici plus réputés que les levers de soleil. Il fait déjà bien jour, mais nous sommes à l'ombre des géants enneigés, qui culminent au dessus de 4000 mètres. Si, si, dans le coin, y'a plein de "Fourteneers" (plus de 14000 pieds), et on ne compte pas les "Thirteeners". Le camping se situe d'ailleurs à 2500 mètres. J'ai un léger mal de crâne, à suivre...

Le sentier se situe en hauteur par rapport au fond de la vallée, et donne une belle vue sur tout le décor environnant. Flore typique des hauts plateaux, plein de cactus et de la broussaille en fleur... entre deux, des lignes d'arbres aux couleurs vert tendre ou jaune tendre, ou encore tout blanc ou tout noir. Le printemps arrive avec son explosion de couleurs. Ces lignes de feuillages caducs correspondent aux ruisseaux et points d'eau. Ailleurs, c'est trop sec pour supporter des arbres aussi grands et gourmands, et on ne trouve que des conifères, pins, sapins, autres... je n'ai pas fait la visite autoguidée au Visitor Center pour me mettre en tête la nomenclature des plantes et bestioles locales... 



Je croise quelques cerfs et je poursuis, à la recherche d'un point un peu plus haut pour avoir une vue panoramique.
 



 

La lumière se fait plus intense, le soleil ne va pas tarder à passer la montagne et ce sera l'explosion, brutale, sans les roses, les ocres et les pourpres, et tout simplement l'aube habituelle des levers de soleil classiques.
J'avise un sentier latéral qui mène à un des "backcountry campgrounds". Juste quelques pas plus haut. Ce sera parfait comme observatoire. Le sentier principal amorce une descente vers un des torrents affluent du Medano Creek, et je serais dans le trou au moment du lever.











Ca y est. Les dunes qui me font face commencent à s'illuminer. D'abord les crêtes, puis on lit bien les volutes qui bordent les massifs et les creux, tels les pleins et les déliés d'une page d'écriture. Les ombres portées font de jolis dessins. La lumière gagne vite en puissance et cet instant magique ne va pas durer longtemps. L'air est pur, cristallin, pas un nuage, bleu intense.
Il fait bien frais aussi... et les géants blancs nous rappellent qu'il y avait encore un mètre de neige il y a moins de deux semaines. La métamorphose du printemps se fait au pas de charge !

Je rebrousse chemin... à quelques centaines de mètre du "Dunes Overlook"... je ne l'apprendrai que plus tard. Dommage, ça aurait sans doute valu la peine de pousser jusque là.



Sur le chemin de retour, je croise à nouveau la harde de biches et de faons, pas farouches, qui épluchent consciencieusement la tête des buissons aux pousses tendres. Je reste un bon moment à les regarder. Ils me contournent à 10 mètres,  se retrouvent dos aux dunes et à la montagne. Images de cartes postales... à vous exhumer dès que je m'y mettrai !







Retour au campement... on entend le brouhaha de la foule qui se remet en mouvement après une nuit bien calme. Ce matin je n'ai croisé qu'un vieux couple, mug à la main, qui était parti faire sa promenade matinale. Là, ça bouge et ça braille un peu partout. Les tentes et les caravanes se replient, les glacières et les coffres à ours claquent de leurs bruits secs et métalliques. 
Pour ma part, je m'installe pour un petit déjeuner au soleil. Muesli, pain tartiné de beurre de cacahuètes, kiwi, café "Starbucks" en cannette, jus de fruits V8. Le plein de liquide pour tenir jusqu'à la prochaine halte, ce soir. Entre deux, ce seront des snacks rapides attrapés au fond de la glacière.



Je replie soigneusement la tente. Le montage sur la bâche évite qu'elle ne soit pleine de sable. En l'occurrence, la bâche permet aussi de garder les pieds au sec quand on entre et qu'on sort en se mettant à genoux ! Je replie la bâche en la secouant, avant de l'enfouir dans un grand sac poubelle acheté pour l'occasion, question de ne pas salir la voiture et mes affaires. Le sable est d'une finesse extrême, un peu collant à cause de l'humidité, et il s'incruste partout !

L'heure tourne vite, mais ça fait du bien de se poser. Direction le Visitor Center après une courte pause "tri sélectif" à la sortie du camping. Je récupère le guide et la carte du parc, glane quelques informations qui me seront utiles pour la suite de la journée, emplette de quelques cartes postales, faut bien y penser, remplissage de ma gourde (ils sont à fond sur le recyclage et la réutilisation des récipients, plutôt que l'éparpillage de millions de bouteilles en plastique dans la nature ou dans les décharges), et c'est parti pour l'attraction de la journée : les dunes et le torrent.  

Pour l'occasion, je vais me servir des mes petites chaussures d'eau, trouvées en 2013 et bien pratique pour patauger. Medano Creek est le royaume des châteaux en Espagne. Une foule de promeneurs traversent le ruisseau en direction des dunes juste de l'autre côté. En été, il n'y a qu'un filet d'eau, mais là, au printemps, les montagnes se liquéfient, et il y a environ 5 cm d'eau qui remplissent le fossé au pied de la dune, sur une largeur.... bien large : sur la rive d'en face, ils sont grands comme des fourmis !!! 








Ensuite, les plus courageux, ou les plus en forme, peuvent se livrer à l'ascension de High Dune.... 213 mètres, compter une bonne heure. Mes ambitions sont nettement moindre. Pas la forme et pas vraiment le temps. 

Il est déjà 11h passé, et je cuis, malgré un peu de crème solaire étalée sur mes bras ! Je m'arrête donc à mi-pente pour regarder l'agitation autour de moi : certains montent vite, d'autres en ahanant et en soufflant (je serais assez bien dans cette catégorie !), d'autres ont sous le coude des planches de surf et grimpent le plus loin possible pour dévaler la pente à un rythme d'enfer... et les gosses s'amusent comme des fous à monter vite et redescendre encore plus vite, en courant avec des enjambées de géant... je vole, dis, je vole !!!







   



Bref : ludique et divertissant, mais il est l'heure de redescendre aussi. Mes chaussures sont remplies de sable et je m'accorde un bain de pied pour rincer tout ça avant de retourner à la voiture.



Direction maintenant : Zapata Falls, quelque part au pied de la montagne, à quelques encablures avant l'entrée du parc. Il paraît que les chutes sont magnifiques en cette saison. 

Je m'arrête à la cahute d'entrée pour acheter le Interagency Annual Pass, comprendre par là la carte d'accès aux parcs nationaux, valable pendant un an pour tous les parcs et monuments nationaux. 80 dollars qui seront amortis d'ici deux semaines, en gros, à raison de 10 à 30 dollars par parc si on achète les entrées à l'unité. Le ranger me demande d'où je viens, considérant mon accent... et est tout fier d'exhiber son badge : il s'appelle Morin et son grand-père était français ! 

Je découvre le décor, que j'ai manqué hier en arrivant de nuit. Ce devait être beau dans la lumière du couchant, avec les dunes et les montagnes plein cadre. Là, c'est la toundra. En fait, non. C'est une zone marécageuse dans laquelle se déversent deux ruisseaux comme Medano Creek. Faune et flore particulières, grande richesse biologique dans un habitat bien spécifique. Mais bon : cela s'étend à perte de vue, plat, plat, plat, gris jaunâtre... hypnotique ! 



Zapata Falls : l'entrée de la piste est fléchée sur la gauche. Piste caillouteuse et cahoteuse. Trois miles qui prennent leur temps. Contente d'avoir la Jeep, les bas de caisse n'ont rien à craindre et elle a de bon gros pneus, enfin, des pneus citadins quand même, mais tout neufs et pas usés. Et au pire, je peux débrayer en mode 4x4, mais là, ce n'est pas la peine ! 

Le parking est presque plein. 13h, il y a du monde qui pique-nique au bord du ruisseau sans doute ! 
La randonnée est courte (800m aller-retour), et mène à un ruisseau bucolique. Les chutes sont invisibles. Il faut passer par une grotte pour les voir, et la grotte est accessible en passant par le cours du ruisseau ! Pour le coup, j'ai prévu les grosses chaussures de rando, et je sais que je peux mettre les pieds dans l'eau tant que ça ne dépasse pas la hauteur du pied. Je saute de pierre en pierre, et j'arrive dans la grotte. Sur le coup, je ne comprends pas bien. Le fond est blanchâtre, comme s'il y avait du brouillard très épais. Illusion d'optique. En fait, il y a une cascade de glace... et la cascade normale est juste derrière. C'est très beau.... et assez acrobatique !

 


 

Retour par le même chemin, contente de ce détour imprévu. Il est 14h passé largement, et la route sera terne cet après-midi. 



Direction Alamosa. La route passe au milieu de la San Luis Valley, grise et morne. Aux abords de la ville j'avise un élevage de chèvres en batterie... je ne savais pas que cela pouvait exister : chaque biquette a un petit enclos de 2m², avec une niche et une botte de paille. Le "fermier" était en train de faire la distribution de granulés aux bestioles, fort nombreuses et rangées en allées bien alignées. Triste. 

De là, direction le sud par la 285, vers Antonito, puis on tourne à gauche, vers le Nouveau Mexique. Traversée du désert. C'est la Rio Grande Northern Range Forest... ou Carson Forest, je ne sais pas trop. La forêt est loin et éparse. Le plateau est ras, à perte de vue. 

Je passe Tres Piedras sans m'en rendre compte, quelques autres petites localités aussi insignifiantes. Un incendie est en cours à Tres Piedras. Epais nuage de fumée qui masque les montagnes et embue le paysage. On ne voit plus le soleil. 



On tourne à gauche, direction Taos. Je manque presque le Rio Grande Gorge Bridge, je dors à moitié... demi-tour, stationnement à l'aire de service qui semble abandonnée... je testerai les buissons, je n'en peux plus. J'arpente le bord de la gorge, puis le pont, j'évite les vendeurs de pacotille indiens qui squattent les abords du parking. Le pont est magnifique, les gorges impressionnantes. Une tranchée inaccessible au milieu de ce plateau hostile. 







Et je me remets en route. Le plateau se poursuit, avec des campements hétéroclites au milieu des "champs". Il s'agit de réserves indiennes, des poches de pauvreté extrême. Au milieu de cette indigence, je passe le lotissement Earthship (cherchez sur internet, vous trouverez). Un truc bizarre. 

Je ne visiterai pas Taos ce soir. 18h30, j'ai des chances d'avoir une soirée presque normale et je tombe de sommeil.  
J'arrive à Arroyo Seco vers 19h. Je trouve mon auberge de jeunesse sans me tromper. Un lieu baba cool comme j'aime. Accueil chaleureux. Repas du soir pour 5 dollars... aujourd'hui, c'est cajun, et j'aime bien le côté épicé de la tambouille. Discussions avec les autres colocs du dortoir, un peu d'internet. Et au lit après une bonne douche. 

Demain est un autre jour, je sens que je vais expédier Taos pour arriver plus vite à Bandelier et retrouver la nature.

***
Voilà la carte du jour : 

1 commentaire:

  1. Wouaouuuuuuhhhh !!! Des photos, des photos !!!!! Bises, ln

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