Mes deux papis semblent déjà réveillés. Je replie mes deux sacs de couchage (je m'étais fait un nid douillet, cette fois-ci) et je m'habille chaudement. La matinée sera probablement aussi fraîche qu'hier.
Grand beau temps encore. Je plie la tente avant de m'installer pour un petit déjeuner rapide.
Je décolle à 7h30 environ, et je m'octroie quelques arrêts touristiques sur la route de Sedona (le camping est à 5 miles au nord de la ville). Les oiseaux pépient dans tous les sens faisant la joie de quelques observateurs matinaux et bien équipés (gros zoom, smartphone à l'affût des chants dans les buissons).
Je fais une visite rapide du centre ville, nommé ici "uptown" vu que ça se trouve plus en haut qu'en bas de la cité ! La plupart des échoppes sont fermées. Je pousse jusqu'à l'office de tourisme, encore fermé à cette heure-ci. Je me prends un café chaud dans un des restos qui fait petit déjeuner et je me le sirote en attendant que le Visitor Center ouvre.
Là, je m'offre une bonne discussion avec les agents au comptoir. Ils sont fous de France et d'Europe... ont un collègue qui a gagné des places pour assister au tournoi à Rolland Garros en ce moment même. Bref. Discussion agréable où ils semblent se laisser convaincre que les ruines indiennes que j'ai vues hier sont dignes d'intérêt ! Ca leur fera des destinations pour leurs prochaines excursions (c'est à environ 25 miles au sud de Sedona).
J'en profite pour leur demander s'il y a du wifi quelque part en ville... et je reviens m'installer sur le banc dans le coin de leur "boutique" pour poster mes dernières journées.
Je me mets donc en route vers 9h30, direction Cottonwood et les ruines de Tuzigoot.
Bien sympathiques, perchées au sommet d'une colline dominant la Verde Valle. On voit bien où la rivière serpente, coulée verte qui a rendu cette région accueillante depuis la nuit des temps.
Les exploitants des mines de cuivre alentour ont redonnée vie au paysage qui était totalement défiguré dans les années 50 : aplanissement des terrils et réhabilitation via des plantations qui prendront encore du temps avant d'être agréables à l'oeil. Vu de la "tour" la plus haute, c'est frappant. Des mines sont d'ailleurs encore en exploitation à Jerome, à quelques lieues de là, à l'horizon.
Fin de la récréation culturelle vers midi.
J'ai trois bonnes heures de route avant d'arriver à Holbrook.
Je reprends une partie de la route prise hier en arrivant de Phoenix, via la Tonto National Forest, puis la Sitgreaves-Apache Forest à partir de Payson.
Le paysage change avec l'altitude et la nature des sols. Forêt épaisse de sapins, sols plus blancs.
Passé Heber, le sol redevient rouge et la forêt cède le pas à la prairie. Nous sommes à plus de 5000 pieds d'altitude (environ 1600m), le vent souffle de folie sans rien pour l'arrêter que quelques buttes ou mesas éparpillées dans ce grand désert. La forêt change de physionomie : arbres courts et épars, ombre limitée... et croissance lente de la végétation.
Holbrook se profile à l'horizon, sur fond de territoire navajo.
L'hôtel a la bonne idée d'avoir un énorme panneau indiquant qu'il faut tourner au premier feu à gauche. Je le trouve sans souci. Une fois qu'on est devant, on ne peut pas le louper de toute façon !!!
Bienvenue au Wigwam Motel, Route 66. Les décors de Cars s'en sont inspirés. Chaque tipi est repéré par sa voiture vintage. J'hérite du tipi numéro 1, qui borde la route. Espérons que ce ne sera pas trop bruyant. J'échappe au train dont les voies longent le terrain et passent juste derrières les tipis du fond... mais quelles vibrations : le sol tremble au passage de chaque convoi.
Tipi : en principe, chez les indiens, c'était fabriqué avec de longues perches en bois sur lesquelles étaient drappées des peaux, ou dans certaines autres régions, des écorces de séquoia ou d'autres arbres qui se délitent bien (j'ai vu ça à Yosemite y'a longtemps).
Ici, on est dans le mythe de la route qui traverse les USA de part en part, à la conquête du rêve américain. Les tipis sont donc de grands cônes de béton, qui se remarquent de loin ! La nuit, ils ont chacun une petite lumière allumée à leur faîte.
Je fais mon check-in rapidement. Il y a semble-t-il du wifi. Je verrai plus tard. Je vérifie rapidement la chambre et je prends la tangente pour aller visiter Petrified Forest qui se trouve à un peu plus de 20 miles d'ici.
Je commence par me tromper de route... 10 miles pour rien.
J'arrive à l'entrée du parc vers 17 heures. Ils ferment à 19h30, mais c'est surtout que c'est très étendu et qu'il faut prendre le temps de se poser ici ou là pour aller voir les arbres pétrifiés.
La seconde moitié du parc se nomme Painted Desert et se compose de badlands colorés. Je sais d'ores et déjà que je n'aurai pas le temps de voir cette partie là comme il faut... donc autant se concentrer sur les arrêts au fur et à mesure de la progression.
Après le scénario "Cars" du Wigwam Motel, la fête continue sur le parking du Visitor Center avec un plan "Angry Birds"... de courte durée, ouf !
De là, la visite se poursuit normalement, avec un parcours "initiatique" aux abords du musée.
Je m'arrête donc à certains points de vue, fait une des balades vite fait. La lumière décline en chauffant les couleurs.
Au point "Blue Mesa", le soleil est trop bas pour apprécier les couleurs bleutées. Dommage. Il faudra que je revienne demain matin pour faire la balade au milieu des taupinières multicolores, mais cela semble bien compromis.
On est pile au milieu du parc... encore des kilomètres à avaler... je n'arriverai donc même pas pour la fermeture du Visitor Center.
J'expédie la partie Painted Desert sur fond de coucher de soleil et je sors du parc à la nuit tombante, récupère l'autoroute et roule pour Holbrook.
Je me rebranche sur Radio Canada que je capte par Sirius XM (radio par satellite). Ils ont un ton un peu comme Arte, et ça me permet d'avoir quelques nouvelles internationales, notamment sur la France... ça n'a pas l'air d'aller mieux avec la loi El Khomry... Vu d'ici, les commentaires sont un peu incrédules sur la situation ou le côté kafkaïen de la situation, et alarmiste quant à un blocage complet du pays. Perso, à les entendre, j'ai l'impression qu'on va se rejouer décembre 1995 et les grèves qui avait tout paralysé pendant un mois. Reste à voir comment aller au boulot sans essence et avec un vélo plutôt vieillissant. On verra début juin...
Retour au bercail.
Le wifi ne marche pas. Je retourne à l'accueil pour confirmer le mot de passe, et je ne me suis a priori pas trompée. Donc y'a un problème... impossible de me connecter. Ou alors, c'est que le réseau n'est pas assez puissant... Je vois très bien le réseau de l'hôtel d'en face, mais pas vraiment le nôtre ici. Sur mon téléphone, ça me dit que le mot de passe est incorrect.
Bref... pas encore ce soir que je vais uploader les photos... au mieux, je vais préparer les lots à charger à la première occasion.
Comme on dit ici "it sucks".
Pour en revenir au tipi : la surface est circulaire. Evidemment.
La salle de bain est minuscule et son plafond part en diagonale pour suivre la pente du toit. Pour le reste, c'est normal et spartiate. Pas de frigo, pas de micro-onde, et pas de petit-déjeuner demain.
Je me réchauffe une boîte de "clam chowder" au bain marie dans mon lavabo... l'eau est bouillante et ça le fait juste bien. Des fraises en dessert, avant qu'elles ne tournent de l'oeil. Pour le petit déj, je le prendrai au visitor center de Petrified Forest demain matin si j'arrive à décoller tôt. Ils ouvrent à 7h, ça devrait être jouable si me me réveille.
Voili voilà !
Demain, aventures multicolores et beaucoup de route jusqu'au Grand Canyon. Normalement je m'arrête à d'autres ruines indiennes et à un ancien cratère volcanique, et j'ai vaguement prévu de contourner le San Francisco Peak, juste au nord de Flagstaff : cette montagne est sacrée pour toutes les tribus indiennes du sud-ouest arizonien... et est même représentée sur le site de pétroglyphes que j'ai visité hier.
Maintenant une bonne douche, question de ne plus être gluante... désinfection d'une série de bouton qui sortent au ras de mes chaussettes... sans doute des moustiques pendant la randonnée d'hier matin près du ruisseau, et j'essaie de jouer un peu avec les photos pour le cas où j'aurai enfin du wifi quelque part...
***
Voici la carte du jour :
Coucou ....
RépondreSupprimerC'est un peu le bordel en France.
Beaucoup de grèves en prévision.
pour Rolland - Garros .... que d'eau, qu'eau !!!!
Le mec il va regretter la chaleur du pays.
Je vois que tu t'éclates toujours et encore.
Bises
Isa