Réveil matinal après une nuit agitée. L'emplacement voisin, qui était réservé mais était resté désert jusqu'à ce que je plonge dans mon cocon, s'est retrouvé fort occupé lorsqu'une bande de jeunes est venue y faire la fête... sur le coup de 22h30.
J'avoue que je dormais déjà bien quand j'ai réalisé qu'il se passait quelque chose à 20 mètres de ma tente.
Envie pressante... 23h30 j'attrape ma frontale en mode lumière rouge, moins éblouissante, et je fais une sortie au radar.
De fait, il y a bien une bande de jeunes autour d'un feu énorme (chaque emplacement est doté d'un cercle métallique et d'une grille permettant de faire la popote, l'art du BBQ !), avec un stock de cannettes impressionnant.
Je me fais discrète. Inutile d'aller leur rappeler qu'en principe le couvre-feu est à 22h et que là, ils empêchent tout le monde de dormir, et qu'en plus, en raison de la sécheresse, il est interdit de faire du feu, même dans les cercles prévus à cet effet.
Je me cale les boules quiès au fond des oreilles, et j'essaie de me rendormir, pas tranquille. Accessoirement, je regonfle mon matelas, j'avais prévu le gonfleur au cas où !
Bref, ce matin je ne suis pas super fraîche, mais je n'ai pas terminée rôtie, c'est déjà bien !
Je replie mes sacs de couchage, je sors de la tente, et je constate que les voisins ne sont plus là. En fait, ils sont partis à 3h du matin, quand le stock de bière était terminé.
Petit déjeuner au radar. Je m'aperçois que les cendres fument encore... le vent s'est levé et attise les braises résiduelles. Faudrait pas que ça s'envenime. Il y a un souk monstre sur la table et partout autour... un vrai dépotoir.
Je finis de plier ma tente. Aujourd'hui tout est sec, tant mieux car je n'avais pas l'intention de la monter dans ma chambre d'hôtel pour la faire sécher !!!
Et j'aperçois la ranger qui fait sa ronde du matin.
Je la hèle pour lui signaler l'incident de la nuit. Un autre campeur vient se joindre à la conversation.
La ranger nous dit qu'on aurait pu / dû appeler le 911 pour qu'ils viennent mettre de l'ordre... mais bon : dans la cambrousse, je n'ai aucun réseau, et je ne savais pas qu'il fallait appeler la police. Bref. Elle arrose les braises et nous dit qu'elle va faire son rapport et demander à l'équipe de nettoyage de venir ramasser le désordre, et voir s'ils ont des éléments permettant de remonter jusqu'aux trublions.
Pour ma part, je lève le camp, direction El Malpais, vaste zone où sont superposées plusieurs coulées de lave, la plus récente remontant à 3000 ans à peine.
L'antenne du parc national sur la route est fermée. J'irai donc au Visitor Center situé à Grants.
Le parc a plusieurs aspects. Dans sa partie est, il y a plusieurs tunnels et grottes formés dans la lave (des bulles d'air solidifiée lors du refroidissement des coulées). J'ai déjà testé ce type de tunnel à Lava Beds, un parc en Californie du nord, dans la chaîne des Cascades. Et ce n'est vraiment pas mon truc. Il y fait noir comme dans un trou et la lumière se heurte aux parois noires, ce qui fait qu'on n'y voit rien, sauf à être équipé de phares puissants. Par ailleurs, la spéléo n'a jamais été mon occupation favorite. Ca tombe assez bien, c'est la partie du parc que je traverse en sortant du parc d'El Morro.
A Grants, je me satellise un peu pour trouver le Visitor Center. Les informations que j'avais relevées sont un peu foireuses, et je dois apprendre à lire !!!
Bref : je profite de l'endroit, flambant neuf, pour me laver les dents et me rafraîchir, et je pose toutes mes questions au ranger de service. Je repars avec les topos des trois randonnées que je veux faire.
De là, je reprends la route, sur une parallèle à celle de ce matin. Dommage qu'aucune route ne permettent de traverser le parc, ça m'aurait économisé 40 miles pour le moins.
Première halte au Sandstone Bluffs. Ca ressemble un peu à la randonnée que j'ai faite hier soir à El Morro. Balade le long de la falaise de gré jaune. C'est chouette et on a une vue plongeante sur la vallée : on réalise alors que tout le fond de la vallée est rempli par les coulées de lave, et qu'on a des cratères qui bordent le décor. Aucune habitation ni activité humaine possible dans toute la zone.
Un peu plus loin, je passe le départ du sentier Acoma-Zuni trail, qui existe depuis des siècles et était utilisé par les indiens pour se déplacer d'une vallée à l'autre. Les Acomas sont à l'est de la coulée, et les Zuni à l'ouest.
J'arrive ensuite à La Ventana Arch, belle arche monumentale à flanc de falaise. Bon, il est midi, le soleil plombe, et le sentier ne permet pas de s'approcher sous l'arche. La lumière ne met pas le site en valeur !
Je poursuis ma route, passe les Narrows. Je pensais que ce serait un peu comme dans d'autres régions de canyons : un défilé étroit entre deux falaises. Mais pas du tout. Ici, on a une falaise de gré jaune d'un côté de la route, et un mur de lave de l'autre côté. Contraste des couleurs et des textures !
Au bout du défilé se trouve une aire de pique-nique aménagée, et le départ d'une randonnée sur le bord de la falaise. Je me pose à l'ombre, grignote une poignée de beef jerky et des fruits secs, je bois un grand coup, et je me lance.
Bon, la randonnée en question fait 4 miles de long, et on revient par le même chemin. Il est 13h, ça cogne... et au bout d'un moment, le décor est toujours le même. L'objectif de la rando, c'est d'arriver à un point de vue qui doit plus ou moins donner sur l'arche, mais je n'en suis pas sûre. De toute façon, c'est beaucoup trop long.
Du coup, je pars dans un mode chrono : 30 minutes dans un sens, et 30 minutes pour le retour. Cela me donne déjà un bon aperçu de la végétation (notamment plein de cactus en fleurs, rouges, j'adore) et du décor au pied de la falaise.
Retour à la voiture. Je re-bois un grand coup. Aujourd'hui, il fait super chaud, et avec le vent on ne s'en rend pas bien compte.
Je pars pour ma dernière destination : Lava Falls Trail. Un parcours d'un mile au milieu du champ de lave le plus récent (la coulée de 3000 ans), avec des repères et des cairns permettant d'évaluer la progression : sans ça, le paysage est particulièrement paumatoire. Tout est noir, très accidenté et on a une végétation naine qui ne permet pas vraiment de se repérer.
Pour le coup, j'aime beaucoup. Ca change du gré (rouge, rose, beige, jaune, brun, ou ocre), et les formes sculptées par la lave sont assez délirantes.
Retour à la voiture. Je bois comme un trou.
Je sors la fiche de l'hôtel, et c'est parti pour le roulage de la journée. Albuquerque est à plus ou plus 90 miles, et je ne vais pas prendre les chemins de traverse : autoroute à 75 miles à l'heure. Beaucoup de camions, mais la conduite reste courtoise.
Je passe à côté de Sky City, et d'autres villages indiens qui ont monté leurs casinos.
Arrivée sur Albuquerque. Le Petroglyphs National Monument est fléché. Je vais aller en repérage. A cette heure-ci (près de 17h), le parc est déjà fermé, mais ça me permet de voir l'environnement... et de me poser pour mettre le GPS en marche pour trouver l'hôtel.
15 minutes plus tard j'y suis. EconoLodge Old Town Albuquerque.
Ca ne paie pas de mine, mais c'est bien. Accueil vraiment courtois. J'obtiens une chambre en rez de chaussée... je dois vider ma voiture question de ne pas attirer l'attention.
La chambre a du plancher, apparemment neuf. Ca a dû être refait il y a peu. Et j'avoue que c'est infiniment mieux que de la moquette pourrie !
Le centre historique est à deux pâtés de maison, on peut y aller à pied, et je pense que le musée où il y a l'expo sur Léonard de Vinci n'est pas loin non plus.
Accessoirement, il y a une piscine intérieure... je testerai demain.
Je vide la voiture, et je retourne à l'accueil où ils ont une énorme marmite de soupe en libre service. Je me régale !
Ensuite, douche... longue ! L'impression de revivre !
Un brin de lessive, et je me mets dans l'ordinateur.
Alors ici, pas de problème d'électricité... mais le wifi est capricieux. Ca va, ça vient. Sur le smartphone, ça roule impeccable, mais sur l'ordi, ça coince.
Du coup, je bascule le wifi sur le téléphone en partageant la connexion. Mais c'est quand même bien cafouilleux. En l'occurrence, je viens de me faire sortir.
Je vais en rester là de mes élucubrations !
Demain est un autre jour. Au programme : Petroglyphs NM, puis la vieille ville... et sans doute quelques brasses dans la piscine de l'hôtel.
Avec un peu de chance je trouverai un peu de temps pour jouer avec les photos !
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