samedi 12 mai 2018

12 mai 2016 - Great Sand Dunes par grand vent

Finalement, le vent est tombé pendant la nuit... j'ai pu dormir tranquille sans entendre les coups de boutoir contre la toile de la tente. 
Hier soir, discussion sympa autour de l'évier (pour une fois qu'il y avait un évier dans le bloc sanitaire !). Un groupe d'adultes et d'enfants qui sont presque en face de ma tente. Certains de Salida, d'autres du Nouveau-Mexique. Ils se sont donnés rendez-vous ici. Une des dames va bientôt aller à Paris pour son anniversaire (enfin, selon ce que j'ai compris), pour rejoindre son mari qui va assister à une conférence à Prague. Des fous de vélo. 

J'avoue que je n'ai pas fait pas de vieux os. Bouquiné un peu dans ma tente, et je me suis écroulée avant que le matelas ne soit complètement à plat. 
Nuit sans accroc. Aucun ours n'est venu semer la zizanie dans le camping. 

Et la bonne surprise au réveil : il n'y a pas de vent. Une aubaine. Inutile de dire que je ne vais pas faire comme à Lees Ferry : je m'occupe de replier la tente tout de suite, sans attendre que le vent reprenne ! Et ça me prend un temps fou, aujourd'hui. Le sable s'est infiltré entre les deux toiles et sous le plancher. Je donne un coup de balayette rapide (j'ai investi dans cet ustensile au début du séjour) question d'évacuer le maximum de poudre parasite. Je passe aussi un coup d'éponge humide sur la toile. En fait, je consacre plutôt la fin de mes lingettes à cette tâche, vu que je n'en aurai plus besoin. Je nettoie aussi le plancher intérieur de la tente, tant qu'elle est montée. Jus ocre... pourtant elle a l'air propre comme ça !!

Quelques petites bourrasques rappellent que le vent va revenir. Je range tout dans la voiture sans perfectionner le pliage... ce sera l'occasion de m'amuser à l'auberge de jeunesse de Boulder. 

Petit déjeuner au soleil, en contemplation de mon emplacement vide et des chipmunks qui s'amusent des brindilles et autres graines qu'ils trouvent dans les poussières. Quelques oiseaux s'installent aussi en vigie, au cas où je lâcherai quelques miettes à leur intention ! 
Je replie tout, remplis mes bouteilles pour la journée, et fais un dernier tour au bloc sanitaire - autant profiter du confort relatif du lieu ! 

Presque 9 heures, avec tout ça. Je fais une première étape au centre de collecte des déchets, tri sélectif, poubelles anti-ours. Il y a aussi une station de gonflage pour que les automobilistes puissent regonfler leurs pneus après les virées hors piste dans la montagne ou le long des dunes. Une bonne idée, en fait ! 

Et je me lance donc sur une des pistes en question, jusqu'au parking de No Return Point. Tout un programme. C'est le point au-delà duquel les voitures normales n'ont plus le droit d'aller, et il est bien spécifié "2WD and AWD", AWD étant mon cas de figure. De toute façon, j'avais pas l'intention d'aller folâtrer dans le sable mou, de dégonfler mes pneus, et, en deux mots, de faire des sottises. Déjà là, la piste me suffit bien. Rien de compliqué, mais bon, il suffit d'une maladresse. Et les voitures de location ne sont pas assurées hors des chaussées goudronnées (ce qui limite bien pour visiter certains parcs - typiquement Chaco Canyon accessible après 15 miles de piste non goudronnée). 

Bref. Je me gare et j'attaque un des sentiers qui longe la montagne, jusqu'à Sand Ramp - une langue de sable qui part à l'assaut de la montagne, poussée par le vent. Il y en a plusieurs, de ces avancées, et c'est assez impressionnant que ça engloutit tout sur son passage, même si cette progression est lente. 
Je ne vois pas trop où se poursuit le sentier... ça fait une heure que je marche dans le sable, ça monte, ça descend, il fait chaud. Je pensais que le sentier se rapprocherait du ruisseau, mais cela ne semble pas être le cas. 

Je rebrousse donc chemin jusqu'à la voiture, et je prends un autre sentier qui va directement au ruisseau, à l'aire de pique-nique "Sand Pit". Tout un programme. La bonne chose, c'est qu'il y a des toilettes sèches ici (ils auraient pu en mettre au parking des voitures non 4x4...). Ensuite, je vais jeter un oeil au ruisseau... qui passe plusieurs mètres en contrebas, accessible par un petit raidillon dans la dune. 
J'avoue que je n'ai pas le courage de descendre au fond du puits. La remontée me semble bien raide, et je suis à 800 mètres de la voiture. 
Je repars donc en sens inverse, et je récupère la voiture, bien chaude !! Je bois encore comme un trou (pourtant j'avais ma bouteille dans mon sac), et je reprends la piste en sens inverse, en priant le ciel pour qu'il n'y ait pas trop de voitures à croiser. Entre mon arrivée vers 9h et maintenant, il y a plus d'une dizaine de voitures qui se sont posées au parking ici ou à Sand Pit, et l'heure du pique-nique se rapprochant, la circulation s'intensifie !
Au final, je croiserai 4 ou 5 voitures. La courtoisie est de mise et chacun se pousse un peu pour laisser le passage. 

A l'entrée de la piste, j'avise la voiture qui était garée sur le côté, avec un téléphone portable échoué dans le sable. Je m'étais arrêtée pour déposer le téléphone sur le marche-pied avant que quelqu'un ne roule dessus. Là, le téléphone n'y est plus... je suppose que son propriétaire est revenu pour le chercher. 

Il est quasiment midi... une heure parfaite pour faire l'andouille dans le ruisseau. J'ai eu ma part de dunes pour aujourd'hui, et le vent s'est remis à souffler, avec une intensité grandissante, depuis 10h du matin. 

Je vais donc me garer au plus près, au parking proche du Visitor Center, où l'accès au ruisseau est direct et sans longue marche à faire dans le sable (hier soir, du camping ça m'avait bien pris 20 minutes pour y arriver !). 
Un monde fou ! On est samedi, tous les citadins du Colorado sont là (on est à environ 3h de route de Denver par l'autoroute, et à peu près 4h d'Albuquerque si on ne prend pas les chemins détournés, si ma mémoire est bonne).
J'arrive à me garer sans trop de souci... les randonneurs du matin sont déjà en train de partir ! 

Je prends mon sac, mon paréo l'appareil photo. Je me refais le déguisement de circonstance, anti-projection de sable. Je retrousse le pantalon au-dessus du mollet, et je clampe mes sandales à mon sac avec les mousquetons qui vont bien. Je suis parée pour une longue balade dans le cours du ruisseau. Le sable est déjà trop chaud (ils préconisent d'ailleurs de se chausser correctement pour partir à l'assaut de la dune pour éviter les brûlures), et les rafales soulèvent beaucoup trop de sable. 

Le ruisseau est tiède. Il n'y coule qu'un filet qui dépasse rarement la hauteur de la cheville, sur une largeur bien moins importante qu'il y a deux ans. Les parties proches du bord sont squattées par les gosses qui font des pâtés ou s'amusent à modifier le cours de l'eau. 
Passée la zone de parking, on retrouve les promeneurs. Je suis fascinée par le nombre de gens qui ont des chiens. Tenus en laisse, c'est obligatoire, et avec les petits sachets en plastique qui vont bien pour ramasser les déjections. 

Bref... je remonte plus loin que le camping, sans pour autant aller jusqu'au Sand Pit aperçu ce matin, qui doit être un mile plus loin. Je commence à avoir faim et le vent redouble de violence. Je remonte mon paréo, bien coincé sous la lanière du sac à dos, il me protège bien le dos et largement le visage et l'appareil photo, Je tire des bords en zigzag, question d'avoir le vent de profil et pas complètement de face. La partie de plaisir intense ! 
Le vent a chassé nombre de familles, le soleil sans doute aussi, et la faim sans aucun doute. J'ai vu une longue cohorte se diriger vers le camping, question de faire une pause à l'ombre. 

Je retrouve la voiture, m'autorise une pause aux toilettes, je rebois un grand coup et je grignote la fin du beef jerky qui traîne dans le panier de ravitaillement en vol. Il est près de 14h30. Un peu tôt pour me remettre en route, et beaucoup trop chaud pour envisager une nouvelle mini-randonnée.
Je vais donc au Visitor Center où un film documentaire est projeté toutes les 30 minutes. L'art de se mettre au frais en se remplissant un peu la tête. Je sais maintenant tout ou presque sur l'écosystème de ces dunes particulières, le pourquoi de leur existence à 2500 mètres d'altitude. 

Je prends le temps de bouquiner un peu sur la terrasse à l'ombre qui donne sur les dunes, à l'arrière du bâtiment. Bref... je me pose un peu avant de reprendre le volant. Salida est à 1h30 de route environ, inutile d'y arriver trop tôt. 

Je repars vers 16h. Route  tranquille, toute droite ou presque. Je coupe à travers la zone protégée qui borde le parc. C'est plus ou moins marécageux, et très sablonneux, comme toute la région en fait. Avec le vent, on voit des volutes de sable à tous les coins de l'horizon. Elles sont poussées vers la montagne, qu'elles ne peuvent pas franchir, et se dépose donc sur les dunes... ensuite, le ruisseau transporte le sable au loin, et le cycle recommence. 

Je passe Moffat et d'autres villages déserts. Le paysage change doucement, passant à un décor de montagne avec des sommets plus hauts. La neige a presque disparu, alors qu'en 2016, en juin, tout était blanc au-dessus de 3000 mètres. 
Je passe un col (je dois retrouver le nom sur la carte routière), et on descend vers Salida et la vallée de l'Arkansas River. De fait, beaucoup des fleuves et rivières importants prennent leur source dans les hauteurs du Colorado.

J'arrive à mon auberge de jeunesse vers 17h30. Je reconnais l'endroit déniché en 2016. C'était tout neuf à l'époque. Une vieille maison qui a été intégralement retapée. Grandes pièces, belle hauteur sous plafond. 
Aujourd'hui, je serai toute seule dans le dortoir. Le pied !!!

Voilà pour le moment. Je vais aller chercher la fin de mes victuailles dans la voiture question de me faire une soupe. Bonne douche en perspective - je me suis déjà lavé les pieds tout à l'heure pour ne pas mettre du sable partout ! 

Demain est un autre jour. Je remonte jusqu'à Boulder en prenant une route différente de 2016. Si tout va bien, j'aurai le temps de m'arrêter à Golden pour visiter la brasserie Coors et le musée Buffalo Bill. Sinon je verrai lundi. 
Le voyage tire à sa fin, envie folle de rentrer ! 
     





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