vendredi 11 mai 2018

11 mai 2018 - Colorado, par monts et par dunes

Comme d'habitude, je me suis couchée trop tard... mais quand même levée tôt pour ne pas manquer le départ du train. Vous allez me dire "mais c'était hier ?!". Exact, mais je voulais immortaliser le départ du train vu du quai... vu que de l'intérieur je n'ai pas immortalisé grand chose ! 

Petit déjeuner avec la baguette croustillante et du café soluble (on fait ce qu'on peut), et un kiwi que j'ai retrouvé au fond de la glacière. J'ai mis la télé en bruit de fond, pour chopper un peu les informations et la météo. Ils annoncent un gros coup de vent sur tout le secteur, queue de tempête plus au nord. 

Accessoirement, je capte des bribes sur la situation qui se dégrade entre Israël et l'Iran... et une mise à jour sur l'éruption du volcan à Hawaï, qui serait l'éruption la plus importante depuis un siècle. Le parc national du volcan est fermé jusqu'à nouvel ordre. Seule information un peu optimiste, il semblerait que la Corée du Nord ait libéré des prisonniers politiques, et ce avant le sommet prévu bientôt. Trump jubile. Ensuite, je n'ai pas trop suivi les polémiques autour des funérailles annoncées de John McCain.
 

Je replie tout mon barda. L'avantage, c'est que tout loge dans la glacière maintenant, ce qui libère de la place dans le coffre.
J'ai congelé mes sachets d'eau... ça le fera bien pour les deux jours qui restent.
Bonne douche... je me relave les cheveux. Je pense qu'hier ils ont bien pris la suie exhalée par la locomotive.
 

Et hop, 8h30, c'est parti pour le centre ville où j'arrive à me garer sans peine, les restos et les boutiques étant encore fermés à cette heure-ci. Et je n'oublie pas d'alimenter le parc-mètre, pas envie de visiter le tribunal de Durango après celui de Boulder.

J'arrive pile-poil pour le départ du convoi. La météo est grise et très venteuse. Pas de chance pour les touristes du jour. Je me reprends une grande bouffée de suie mêlée de vapeur d'eau. Tchou, tchou... le train s'ébranle, à grands renforts de sifflets et de cloche.


De là, je vais au musée du train à vapeur, fort intéressant ma foi. Il est aménagé dans les anciens hangars qui donnent sur la plaque tournante qui permettait de changer de locomotive ou simplement de leur faire faire demi tour ! Il suffit de longer le quai d'où le train vient de partir. Bon, c'est un musée "à l'ancienne", qui fait un peu lieu de mémoire et de collection des objets en lien avec cette ligne de chemin de fer, mais j'aime bien le côté un peu désuet, qui n'enlève rien à l'intérêt du lieu.

Petit tour rapide en ville question de voir à quoi ressemblent les palaces d'antan. A cette heure-ci, le Strater n'est pas ouvert, et je pense que "Lulu Belle" n'anime le saloon qu'en soirée. Là, elle doit dormir !
Le Général Palmer n'a pas l'air plus animé. Un camion-grue s'affaire sur les éclairages de la façade. No trespassing.
 

Bref. Je me mets en quête de la poste, où je peux me garer gratuitement (si j'avais su), et je vais chercher un dernier timbre pour mon courrier. La dame au guichet s'empresse de tamponner toute la pile de cartes, impressionnée par leur nombre, et met le tout dans le bac de départ. Contente qu'on soit vendredi... sinon ça ne partait que lundi de Boulder. Avec un peu de chance, si la distribution est rapide, certaines cartes seront en France avant moi !!!

Et un dernier stop pour Durango : refaire le plein pour être tranquille un jour ou deux. Je me retrouve deux sticks de beef jerky (ils en vendent dans toutes les stations service) qui feront le pique-nique en roulant.

Destination finale du jour : Great Sand Dunes. Je poursuis donc la route 160 vers l'est, avec Pagosa Springs comme première pause.
Je pensais faire un crochet par Chimney Rock, des ruines indiennes (encore) un peu différentes, plus dans la montagne, mais le site n'ouvre que le 15 mai et les visites ne se font que sur réservation. Ce sera pour une autre fois, en prévoyant la visite en amont pour réserver le bon jour (ça complique un peu les choses). En l'occurrence, cette portion du trajet méritera un autre voyage plus "montagne", pour voir la Million Dollar Highway (entre Silverton et Ouray), et le reste de la boucle des San Juan Mountains. Mais c'est un plan pour l'été, ou au pire en septembre, avant qu'il ne commence à neiger. Vu l'altitude, ils ont 6 mois d'hiver et deux mois d'été... et les transitions. Pour tout dire, hier à Silverton, j'ai bien supporté le sweat-shirt et la doudoune alors que ce matin je me baladais dans Durango en simple t-shirt à manche longue (genre liquette légère qui se lave rapidos, sèche en un clin d'oeil, et protège des coups de soleil sur les bras). En plus, cette année, c'est une année sans neige. Selon les endroits, ils ont eu entre 10% et 40% du cumul moyen. Autant dire, rien, un hiver sec, qui sera peut-être compensé par des pluies estivales.

Bref, je me retrouve donc à Pagosa Springs où le vent est déjà bien fort, conformément au bulletin météo. Je trouve l'office du tourisme, coincé entre deux sources thermales. Ca sent l'oeuf pourri dans le secteur ! Il y a d'autres sources dans les environs. C'est l'activité principale du lieu en plus des sports d'hiver. Je me tâte la rate pour savoir si je m'abandonne à ce loisir pour quelques heures, mais au final, ça ne me dit pas trop d'aller macérer dans les bains à remous, même si le choix est vaste (un des spas propose plus de 18 piscines aux vertus différentes et je n'aurais pas le temps de les tester ! En plus, j'ai quand même un peu de route.
La doc servira pour une autre fois. 

Et en voiture Simone. 15 miles après Pagosa je fais une halte rapide pour voir des chutes d'eau. Grosse flemme... le vent est de plus en plus fort. Je ne monterai pas les voir de plus près.

Et là, on commence la montée pour le col de Wolfcreek, à 10000 pieds et des brouettes. Il reste encore de la neige, mais les remontées sont à l'arrêt et la station ne semble plus fonctionner. Saison courte cette année. Ils n'ont pas eu les cumuls de neige habituels et savent déjà que la sécheresse s'invitera rapidement dans les paysages.

Accessoirement, un peu de géographie. A Durango coulait l'Animas River, la même rivière qu'à Aztec. C'est un affluent de la San Juan River, elle-même un affluent important du Colorado (elle s'y jette vers Monument Valley).
Animas est l'abréviation en espagnol de "Lost Souls River". Un peu plus haut, sur la route de Silverton, on avait croisé la Purgatory River, qui alimente les âmes perdues à la sortie du purgatoire.

 
Hier, on a suivi l'Animas river jusqu'à Silverton. Elle prend sa source plus haut dans la montagne. Aujourd'hui, j'ai surtout suivi la San Juan River, qui passe à Pagosa Springs. Elle prend ses sources dans la montagne juste au-dessus.
Toutes ces rivières coulent donc vers l'océan Pacifique.
Passé le Wolfcreek Pass, on bascule sur le bassin du Rio Grande qui coule vers le Mexique (et le Golfe du Mexique), côté Atlantique donc.
Une des randonnées mythique consiste à suivre la ligne de partage des eaux à travers tout le continent, le "Continental Divide". Pour l'anecdote, à Yellowstone, un lac a deux effluents, qui s'écoulent l'un vers le Pacifique et l'autre vers l'Atlantique.

Et j'ai donc vu un bout des sources du Rio Grande - la partie Southfork.
On traverse plusieurs petites villes, stations de ski ou de fond, difficile à dire. Je pensais que Southfork serait déjà un gros patelin, mais c'est très éparpillé.
Pareil pour Del Norte. J'imagine que ça brasse plus quand on peut encore skier. Là, les boutiques sont toutes soit fermées, soit en soldes de fin de saison, avec un bon mois d'avance sur l'habitude.
Un peu d'animation à l'approche d'Alamosa. J'essaie de retrouver l'élevage de chèvres en batterie qui m'avait bien choqué en 2016, mais c'était peut-être le long d'un axe que je ne prends pas aujourd'hui (à l'époque je filais vers Taos et le Nouveau-Mexique).

La route se poursuit, et ici c'est TRES lancinant. Je manque de m'endormir... végétation vert de gris, et plafond nuageux qui ne décolle pas. Le vent souffle en tempête, ce qui ne m'arrange guère !

Enfin la route pour Great Sand Dunes... plus qu'une vingtaine de miles.
Je reconnais un peu le décor, que j'avais fait de nuit à l'aller et de jour au retour. La cahute des rangers est vide à l'entrée du parc. Je vais donc au Visitor Center pour récupérer le plan et les informations à jour, notamment la météo. Le vent ne devrait pas faiblir avant deux ou trois jours... et la masse nuageuse qui l'accompagne ne va pas favoriser un coucher de soleil flamboyant. Et comme il n'y a pas eu beaucoup de neige, le Medano Creek est plutôt vide. Pas du tout comme en 2016 où le décor était comme sur les cartes postales : montagnes blanches tout autour et de quoi patauger abondamment !

Bref. Je vais repérer mon emplacement, sans vis à vis. Je l'ai choisi au poil, avec vue dégagée sur les dunes (enfin, si je pousse ma voiture !).
Je décide de planter tout de suite, question d'être débarrassée. Il y a des grosses pierres et je vais pouvoir lester la tente pendant que je monte l'armature. Je m'en sors plutôt bien !

Et ensuite, je vais dans le ruisseau, non sans emballer mon appareil photo pour qu'il résiste aux rafales sauvages. Pour ma part, je drape un paréo autour de ma casquette saharienne. Look glamour, mais efficace : pas de sable dans les yeux et la casquette ne s'envole pas !

Petite balade dans le sable au bord du ruisseau presque vide. Ce vent me saoûle littéralement. Je suis épuisée, sonnée.
Je remonte et je m'installe dans la voiture pour tenir le journal de bord. Dehors, c'est pas possible ! Déjà comme ça, j'ai du sable dans toute la voiture suite à une ouverture de portière inopportune !!!

Sur ce, je referme l'épisode d'aujourd'hui. Je vais aussi manger dans la voiture, sinon la salade va croustiller. Et demain est un autre jour, qui sera aussi venteux, et c'est pas top pour démonter la tente !

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