jeudi 3 mai 2018

3 mai 2018 - Navajo Country - Neige et soleil

Ce matin, je me suis réveillée dans un igloo... enfin, presque. Heureusement que les parois de la tente sont assez verticales... j'entendais la neige descendre en plaques à intervalle régulier.
La neige est tombée en alternance avec de la pluie fine et du grésil... petite grêle serrée et légère.

Et à l'heure d'émerger, envie pressante oblige, les éléments ne donnent pas l'impression de vouloir se calmer.
Je m'habille sommairement avant de faire ma percée. De fait, tout est blanc autour. Les arbres alentours ont un peu protégé la tente sur un de ses flancs. La voiture est recouverte d'une main de neige 'ça fait moins qu'un pied mais plus qu'un pouce !!)... très seyant avec le rouge carmin... ça fait un peu voiture du père noël !

Ne soyons pas pessimiste : il n'y a pas de vent, et c'est déjà bien. Je vide la tente de son contenu, replie le matelas pneumatique (et j'ai l'impression, à l'heure où j'écris ces lignes, que le repliage à 0°C n'est pas apprécié par le plastique, verdict demain matin), et procède au démontage / repliage de la tente elle-même.
Je me suis mis de côté une cannette de café et une autre de jus de fruit, avec quelques biscuits et une banane pour reprendre mes esprits quand ce sera terminé.

Les campeuses d'en face ont passé une nuit presque blanche tellement elles ont grelotté. Apparemment, elles ont soupé de l'hiver dans la région ! Et au bloc sanitaire, je discute avec l'occupante d'un camping-car, et apparemment ils ont eu bien froid aussi.
Pour ma part, le double sac de couchage complété de ma veste (humide, mais ça l'a fait quand même), et le pyjama polaire doublé chemise en laine, avec écharpe et chaussettes d'appoint ont rempli leur mission : j'ai eu chaud. Bon, j'avais remonté les fermetures des deux sacs jusqu'en haut, respirant par une petite fente. Et pas ouvert les ventilations !
D'ailleurs, c'est la première fois que j'ai de la condensation dans la tente, sans doute car la neige a fait blocus à la circulation de l'air... A priori, pas de fuite, soulagement ! A cette température, ça n'aurait pas été humain !

En attendant, la tente est trempée. Le double toit dégouline de neige fondue. Je le replie dans son sac  poubelle. La tente intérieure se retrouve à patauger quand j'enlève les arceaux. Je la roule dans son sac. On verra plus tard. Quant à la bâche, je la rince sommairement avec de la neige propre, et je la replie aussi dans son sac poubelle.

Direction le Visitor Center, encore fermé à cette heure-ci, mis à part qu'il y a de l'animation inhabituelle : un braquage a eu lieu pendant la nuit. Deux vitres du sas d'entrée ont été fracturées, et les cambrioleurs ont embarqué le contenu du tronc recueillant les dons fait à ce parc qui protège quelques jolis ruines indiennes, et dont l'accès et le camping sont gratuits. Apparemment, les voleurs n'ont pas eu le temps de tout dévaliser, mis en déroute par les alarmes.
Pour ma part, je n'ai rien entendu, et pourtant le camping est juste à côté du visitor center. Mais bon, à minuit (ou avant), et avec la neige qui étouffe tous les sons, il aurait fallu qu'on me secoue pour que je me réveille !

Je pars en randonnée. Il y a trois sentiers possibles sans guide.
Le premier, Sandal Trail, amène à un point de vue sur la ruine la plus proche, Betatakin. J'inaugure le sentier... traces dans la neige. J'ai pris mon bâton, fort utile pour ne pas me vautrer ici ou là : les petits ponts en bois sont bien glissants !

De là, j'enchaîne avec Aspen Trail, qui amène à un point de vue sur le fond du canyon, tapissé de bouleaux. Il y a un microclimat froid et humide ici, qui contraste avec le désert environnant. Ca descend bien... et ensuite ça remonte raide !

Je termine avec Canyon Trail, qui longe le bord du canyon et termine sur une plage de slickrock. Un peu boueux, mais sympa aussi.

Au retour, le visitor center est toujours fermé. Je discute avec la ranger de service qui m'explique le cambriolage. Ils ont déjà été braqué une fois, il y a une dizaine d'année. Le fait que l'endroit soit isolé se prête bien à cette "activité", mais il n'y a vraiment pas grand chose à embarquer ! Bref...

Je me mets en route, direction Kayenta où je fais le plein et m'offre un café chaud et un stick de beef jerky jalapeno, comprendre "boeuf séché au piment", un de mes délices. Des jours comme aujourd'hui, on aimerait avoir la popote pour se faire un thé bien chaud, mais bon.

De Kayenta, je ne tourne pas en direction de Monument Valley. J'ai déjà visité en 2013, et à l'époque ça coûtait 6 dollars par véhicule. Maintenant, c'est 20 dollars, jusqu'à 4 personnes, et les autres passagers en sus. En plus, avec la météo de la nuit, je ne suis pas du tout certaine que les pistes soient bien praticables. Il a neigé sur toute la région, jusqu'à Flagstaff, avec 20 cm de neige sur la rive sud du Grand Canyon !

Bref : je trace en direction de la jonction avec la 191, qui est une route inter-états qui traverse l'Arizona et le Colorado pour le moins. En 2016 je l'avais parcourue en sens inverse, du Canyon de Chelly à Mesa Verde, à fond la caisse car la visite du canyon avait duré plus longtemps que prévu. La lumière était fabuleuse en fin d'après-midi, mais impossible de s'arrêter dans cette course contre la montre pour arriver au camping avant la fermeture de l'accueil, et surtout avant la nuit complète.
Aujourd'hui, c'est un peu moins l'enchantement. Le soleil plombe, c'est la mauvaise heure pour la lumière, mais c'est beau quand même.

Je quitte la 191 pour faire une digression par Lukachukai et Tsaile, question d'attaquer le Canyon de Chelly par sa rive nord, que je n'ai pas eu le temps de voir la dernière fois.
C'est sauvage par ici. On sent que c'est à l'écart des trajets touristiques. Villages indiens, ça ne respire pas la richesse.

A Tsaile, je marque une pause avant de tourner vers Chinle : un chiot campe sur la ligne du stop. Inutile de dire que je ne vais pas l'écraser. Il est couvert de teignes. Sitôt pris le tournant, je tombe sur le troupeau de chèvres et les deux chiens de berger qui gardent les biquettes. Elles se régalent des hautes herbes des bas côtés. A la sortie du village, j'aperçois un cheval mort dans le fossé. Sans doute heurté par une voiture.
Plus loin, ce sont les vaches qui broutent sur le bord de la route.
Bref : ceci explique pourquoi il est très déconseillé de rouler passé la nuit tombée... toute une faune divague sur ou à côté des routes, et pas que du gibier. Se prendre une vache ou un cheval, ça doit faire largement aussi mal qu'un sanglier ou un chevreuil !

De là, je fais les quelques points de vue qui émaillent le North Rim. Ca me replonge dans l'ambiance d'il y a deux ans.
Tour rapide au visitor center.
Et je vais au camping, situé en contrebas, et qui a beaucoup de disponibilité. J'ai le temps de planter la tente avant d'aller voir le coucher du soleil sur Spider Rock.

Je me trouve un emplacement sous les arbres. Je sors mes toiles et mes bâches dégoulinantes de leurs sacs respectifs. Coup d'éponge pour accélérer le séchage. Avec la siccité de l'air, ça ne mettra pas 10 minutes à sécher ! Super !
J'installe le matelas pneumatique question qu'il s'aère aussi, et ça leste un peu la tente.

Et je repars pour faire quelques points de vue sur le South Rim. J'arrive à Spider Rock Overlook juste pour voir le monolithe tout éclairé. Le canyon commence à être dans l'ombre. Malheureusement un nuage masque rapidement le soleil et j'ai la flemme d'attendre pour voir si on aura quand même un coucher de solei ! Je meurs de faim, et je prends la route de retour pour le camping en faisant quelques haltes à des points de vue pas trop éloigné de la route. Flemme, disais-je...

Grosse salade, deux mandarines et une soupe V8 Hot Spicy, et ça ira pour ce soir !
Débarbouillage rapide aux sanitaires. Je termine avec des lingettes dans la tente.
J'ai dû regonfler mon matelas. Soit j'avais mal vissé le bouchon, soit il a une fuite. Pour le moment, ça a l'air d'aller... mais bon, on verra demain matin.

Et ce soir, je chausse les boules quiès. Nous sommes proches de la route et d'un carrefour important semble-t-il... le bruit est incessant. Premier camping du voyage où c'est aussi bruyant encore à 22h... sans compter les campeurs qui viennent d'arriver pas loin de mon emplacement, avec des gosses qui braillent et la mère qu'on entend à trois lieues.

Sur ce... demain est un autre jour. Normalement je vais faire un tour à Window Rock, la capitale de la Nation Navajo.

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