jeudi 10 mai 2018

10 mai 2018 - Durango - Silverton en train à vapeur

Une journée sans voiture du tout. Ca fait du bien ! 
Réveil à l'aube ce matin... j'avais peur de louper l'heure du train, résultat je me suis réveillée bien avant la sonnerie du téléphone !
Petit déjeuner rapide, je pense à emporter à boire. 

Je quitte mon hôtel à 8h tapante. 20 minutes de marche à pied d'un bon pas. Après la reconnaissance d'hier soir, je me suis dit que ça irait presque aussi vite, et sans crise de nerf. La gare est à environ 1 mile. 

Sur place, ça bruisse. Foule festive qui vient pour monter à bord du train historique, et badauds qui attendent le départ du train pour immortaliser l'instant. Faudra que j'en fasse autant demain : je n'ai pas pu photographier le départ du train vu que j'étais à bord !!!
J'ai même le temps de demander un billet en échange de ma contremarque et de regarder à quoi ressemble le train. Il comporte des wagons différents selon leur affectation : wagons de première classe, de seconde classe, "gondolas" - wagon en plein-air, et  wagons de couleur pourpre pour les voyageurs qui ont pris l'option "commentaire historique en costume".

Pour ma part, comme je suis toute seule, j'ai deux sièges pour moi. Un  luxe ! 
A côté, une petite famille avec deux gamins encore à moitié bébés, qui s'agitent déjà avant de partir. 
Pour le reste, essentiellement des retraités, plus ou moins âgés.

Nous partons pile à l'heure, 8h45. Plusieurs employés du train viendront nous faire leur topo : 
> Sécurité : ne pas se pencher par les fenêtres, et faire attention si on sort les appareils photos par les dites fenêtres : les voies sont très étroites et le train rase parfois les parois à moins de trente centimètres. Il s'agit de ne pas perdre la tête ou laisser tomber un appareil ou un téléphone. 
De même, on peut aller sur les plateformes extérieures entre les wagons, mais pas de façon permanente, et en prenant bien garde à toujours avoir trois points d'ancrage (mains + pieds) pour éviter les chutes malencontreuses. 
> Histoire et anecdotes : un volontaire se promène de wagon en wagon pour signaler les points d'intérêts.
> Wagon "concession" : le train est doté d'un wagon bar où on peut s'approvisionner en boisson et nourriture. Promo du moment : pour l'achat d'un mug on a droit à des "refills" à volonté. Nombreux sont ceux qui achèteront une mug pour deux, et iront la remplir plusieurs fois... c'est de bonne guerre. 
Accessoirement, ils vendent aussi un guide donnant les explications historiques et touristiques mile par mile sur le trajet. 

Le voyage commence bien. Fond de vallée, on circule à l'arrière des maisons qui bordent la route, que nous coupons plusieurs fois, à grands renforts de modulations de sifflet et de tintement de cloche.
Puis nous nous écartons de la route pour entrer dans la montagne. Le tracé de la ligne suit de très près la rivière Animas et ses gorges. En cette saison, avec la fonte des neige, le niveau de l'eau assure le spectacle et les rapides sont impressionnants. Nous avons d'ailleurs un groupe de rafteurs parmi les passagers, que nous déposerons à Rockwood. Le train assure une mission de service public pour joindre certaines implantations non reliées par la route. 

Nous passons au bord de plusieurs précipices, l'occasion de voir le train dans les courbes, d'autres passages sont moins palpitants... le spectacle est sur l'autre côté du train ! Nous en profiterons à la descente.
Dans le wagon, en revanche, ça tourne au cauchemar. Les deux bébés s'ennuient ou sont fatigués... et commencent à chouiner, puis à pleurer, puis à crier. Bref, ça devient vite insupportable. Le père en promène un pour le calmer un peu, mais ça ne suffit pas. Je finis par exhumer mes boules quiès du fond de mon sac (reliquat des nuits de camping ! ). Je plains sincèrement certaines personnes âgées dotées de sonotones. Elles doivent regretter de ne plus être sourdes, à cet instant. Et l'instant va durer sur la moitié du trajet.
C'en est au point que le volontaire qui nous raconte des histoires se dépêche de parler aux voyageurs en début de wagon, et passe rapidement sur le milieu du wagon où on ne l'entend pas en raison des hurlements intempestifs des deux morveux. 

Bref : nous sommes pressés et ravis d'arriver à Silverton, petite ville à près de 3000 mètres d'altitude, qui était un centre minier très important au siècle dernier. L'activité minière a changé de physionomie et continue à se développer dans ces montagnes, mais moins ostensiblement. Les petites villes comme Silverton ont réussi leur reconversion dans le tourisme : on trouve ici pléthore de restaurants et hôtels, et outfitters, et galeries de souvenirs, de bibelots et autres objets d'art produits localement. Ca me fait penser à Leadville traversée en 2016, grosse ville minière au siècle dernier aussi.

Bref, je me pose au restaurant du Grand Imperial Restaurant and Saloon. Les assiettes composées salade + sandwich ne sont pas beaucoup plus chères que dans les bistrots voisins, mais on a le cadre en plus. Et la musique : une pianiste locale assure le divertissement de l'oreille avec un répertoire étendu de ragtime et autres airs qui mettent dans l'ambiance ! 
Mon assiette est bien bonne, la garniture étant du chou rouge cuit, entre des tranches de pain de mie noir, et palette à la diable.

Le train émet ses coups de sifflet. Il est l'heure d'y retourner. J'avise notre "chef de wagon" et lui demande s'il est possible de changer de wagon. Plusieurs personnes ont opté pour un retour en bus, ce qui libère des sièges. Je ne suis pas la seule à avoir changé de crèmerie... je retrouve dans le wagon de tête plusieurs personnes qui étaient autour de moi à l'aller, et frôlaient elles aussi les envies de meurtres. 

Du coup, le retour s'effectue dans une ambiance bien plus détendue et cordiale, vraiment plaisante. Ouf. J'avoue qu'à midi, j'avais l'impression d'avoir gâché ma journée. 
Le papy volontaire vient nous faire un topo super exhaustif sur les ours, les oiseaux, les castors et les insectes qui ravagent la forêt. Petit rattrapage de ce qu'on a loupé à l'aller. 

Retour à Durango à 18h30. Une demie heure de retard. J'entends des français râler dans la foule qui sort des wagons. Apparemment, ça les stresse d'avoir 30 minutes de retard. 
Pour ma part, je suis assez vannée. La ville a l'air bien sympathique, avec de la musique qui s'échappe des bars alentours. Mais bon. Je tombe sur LA boulangerie française de Durango, fondée en 1969. Je jette mon dévolu sur une baguette en épis. Miam. Croustillante à souhait, je ne résiste pas. Ca me fera la partie solide du repas de ce soir (soupe froide et bout de fromage). 

Et je rentre par le même chemin que ce matin. Je meurs de chaud avec ma doudoune et mon gros sweat-shirt, appréciés à l'aube et à Silverton, mais en trop ici où il a fait chaud toute la journée. 

Hôtel : la chambre est  restée dans son jus. Pas de souci. Je me rafraichis... et je m'endors. Une heure de sieste. 
Puis bricolage du casse-croûte, rangement sommaire.... et voilà, la journée est bouclée. 

Demain matin, je recharge la voiture, je passe à la poste, je vais jeter un oeil aux grands hôtels historiques de Durango, en souhaitant qu'ils soient ouverts aux touristes dès le matin. 
Et ensuite, j'ai la route pour Great Sand Dunes, où j'ai bien l'intention de profiter du soleil couchant dans les dunes. En 2016 j'étais arrivée de nuit !

4 commentaires:

  1. Bonjour
    Je dévore ce matin tes dernières journées de voyage et me voilà transporté à l'avant du train ! Merci et profite bien de la suite !

    J'allais te proposer des retrouvailles ce week-end dans l'arrière pays Nico is... Ce sera pour une autre fois !
    François / le cousin marseillais !

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  2. Hello !
    Dommage pour l'arrière-pays niçois. On essaiera de se rattraper une prochaine fois. L'arrière-pays grassois est bien aussi !
    Bises

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  3. Quelle superbe journée. Trop bien cette balade en train.
    On sent bien la moutarde qui te monte au nez avec les deux marmots. Je compatis ....
    bise

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    1. Eh oui. On en aurait bien pris un pour taper sur l'autre, mais il paraît que ça ne se fait pas. Cela étant, j'admire le flegme des américains. La même situation en France aurait probablement dégénéré, et on aurait entendu 40 personnes râler pendant trois heures, en faisant bien monter la mayonnaise.
      Et j'admire toujours le professionnalisme des employés : toujours le sourire, et on gère la situation au mieux pour les clients. Un souci, une solution, on n'enterre pas le problème sous le tapis. Là aussi, je ne sais pas si on nous aurait attribué de nouvelles places dans un autre wagon aussi simplement... et on aurait fait comme d'habitude, de façon sauvage, en s'installant n'importe où ailleurs, sans rien demander.
      La notion "d'expérience" a pris de l'importance. Satisfaction client, notation de l'expérience vécue, est-ce qu'on recommanderait l'excursion à d'autres personnes... ils construisent leur bouche-à-oreille sur ça et font en sorte que tout le monde soit content.

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