vendredi 4 mai 2018

4 mai 2018 - Navajo Country suite et fin... sous le soleil !

Réveil avant 6 heures ce matin. J'ai fini la nuit sur le sol. Mon matelas a vraiment une fuite. Reste à voir ce que je vais faire pour les quelques nuits de camping qu'il me reste. Pour ce soir, ce sera pareil. Le tout, c'est de gonfler le matelas à fond et de s'endormir rapidement. Ensuite, on arrive "sur le sable" mais ça ne réveille pas instantanément. C'est juste un peu dur pour se retourner et rester confortable... et pas top du tout quand on dort sur le côté ce qui est généralement mon cas.
Je jetterai un oeil à Albuquerque en faisant mes courses. Le matelas coûtait un peu moins de 8 dollars me semble-t-il, pas la mer à boire si ça garantit des nuits sereines ! Ensuite, il ne me restera que trois nuits sous toile... pas la mort non plus. En 2013, c'est Yellowstone qui avait eu la peau du matelas, et j'avais encore 15 jours à camper !

Au petit matin, tout est tranquille. La lumière filtre à travers les peupliers. C'est bien joli et beaucoup plus calme qu'hier soir.
Je m'installe pour déjeuner. Il fait un froid glacial, comme tous les matins tant que le soleil n'a pas encore réchauffé l'atmosphère. J'ai la visite de deux chiens, sans doute des bergers dont j'ai vu le troupeau de moutons hier soir. Une des deux a les mamelles qui pendouillent jusqu'au sol. Ils sont gentils et s'installent à côté de ma table, sans doute dans l'espoir que je leur jetterai quelque bricole à grignoter. Eh bien ce sera peine perdue. D'abord c'est pas mon truc, les toutous errants, et il est dit et affiché partout qu'il ne faut pas nourrir la faune sauvage et encore moins la faune domestique, les chiens en particulier. Il y en a partout... les indiens en ont plein, reliques d'un temps passé où le chien était leur plus proche partenaire.

Puis je replie la tente. Sans me retenir côté bruit. Les piquets m'échappent dans un son métallique agréable. Il est 7 heures passé, on a théoriquement le droit de faire autant de boucan qu'on veut. Et les voisins dorment encore, avec leur bordel éparpillé entre la tente et la voiture. 

Bref. Je finis par m'arracher avant 8 heures, pour un petit bout du South Rim, question de comparer la lumière du matin à celle de fin de journée. Les couleurs claquent différemment !

Je me mets en route pour Ganado et le Hubbell Trading Post, un comptoir indien qui existe depuis le 19° siècle. Branchements pour recharger la pile de l'appareil photo, question de ne pas me faire surprendre. Je ferai le plein à Gallup avant de retourner dans la cambrousse, même si, dans l'absolu, j'ai assez d'essence jusqu'à Albuquerque. Elle n'est pas chère, dans le secteur, l'essence. Le pire c'était dans l'Utah, carrément 50 cents de plus.

Je sors du camping et traverse Chinle, ville qui respire la pauvreté. A un des carrefours sur la grand route se trouve tout un attroupement et les gyrophares de plusieurs véhicules de police. Il y a eu un carton. Enorme. Une voiture "banale" s'est frotté à un gros pick-up, et c'est le pick-up qui a gagné. La voiture est très amochée, je pense pense que le moteur est sur le siège avant, pare-brise en miette. Le pick-up n'est pas au mieux de sa forme non plus. Manifestement la police ramasse les morceaux.
Ca refroidit un peu.

Ganado arrive plus loin, et je me dirige vers le Trading Post.
C'est un lieu historique qui sert toujours de comptoir à l'heure actuelle : les indiens de la région viennent y déposer les objets qu'ils fabriquent (couverture, tapis, bijoux, entre autres).
La propriété est encore entretenue et exploitée, et les anciens bâtiments se visitent, tout au moins les extérieurs.
C'est intéressant. L'histoire du lieu et de son créateur est intéressante. Hubbell s'est installé là peu après la Grande Marche, et a rapidement sympathisé avec les indiens qui étaient revenus s'installer sur la terre de leurs ancêtres après les années de déportation. De fil en aiguille, il a créé plusieurs comptoirs dans la région, devenant une référence régionale.

Je repars vers midi... le temps file !

Direction Window Rock, capitale de la Nation Navajo. Manifestement, c'est jour de marché. La foule se presse autour des stands, essentiellement du textile à voir en passant. Je n'irai pas vérifier de plus près...
Je trouve le parc situé sous la "fenêtre", une ouverture circulaire dans la falaise, version élaborée des arches et des ponts naturels. On dirait un oeil ouvert sur le ciel. A ses pieds, le mémorial aux Navajo Code Talkers, qui ont permis de gagner la guerre du pacifique contre les japonais grâce à l'utilisation de leur langue pour élaborer un code indéchiffrable.
Et juste en face, le parlement et les différentes instances officielles de la Nation. Ils sont en pleines élections en ce moment, pour choisir leur nouveau président !
Je discute un petit moment avec une indienne navajo qui fait aussi du tourisme pendant sa pause de midi. Portrait devant Window Rock.
Elle est institutrice et a une semaine de formation continue ici. Elle a servi 17 ans dans l'armée, et a dû se reconvertir suite à des soucis de santé. Manifestement du mal à faire valoir son invalidité auprès du gouvernement.
Elle m'explique qu'elle avait un poste de comptable dans l'armée, mais impossible de trouver un job décemment payé dans la réserve (réserve navajo - "Rez" ou Reservation), et du coup elle a repris ses études pour devenir enseignante car ça paie un peu mieux. Et elle s'est attelée à apprendre la langue navajo, qu'elle comprend mais ne parle pas. Toute une génération a été un peu acculturée, et il y a maintenant une prise de conscience que la culture ancestrale va totalement disparaître si personne n'est plus en mesure d'enseigner la langue aux générations suivantes. La discussion devant la statue du Code Talker prend toute sa saveur. Les héros de la seconde guerre mondiale sont en train de disparaître (ils sont bien vieux maintenant !), et personne ne pourrait prendre la relève en cas de nécessité !

Je finis mon tour du parc, pas très grand, sans m'attarder devant les stands des vendeurs indiens.
Maintenant, direction Gallup, où je fais le plein dans une pompe vraiment bon marché (2,289 USD / gallon), puis j'attaque le dernier tronçon de la journée.
Pour ceux qui ont le temps et l'envie de s'offrir de beaux objets, Gallup est l'endroit : la ville s'est imposée comme la place d'échange pour ce qui et de l'artisanat indien. Les comptoirs sont nombreux et tentent d'appâter le chaland comme ils peuvent, sachant que leur vocation première reste le négoce et le marché de gros plus que le détail (ils approvisionnent les boutiques destinées aux touristes !). 

Je bifurque vers une route secondaire et je retrouve des paysages plus sauvages. Je ne sais pas quelle est l'altitude ici, à vue de nez, au-dessus de 2000 mètres. La forêt prédomine, genévrier, pins divers. La roche est dans les tons rose vanille.

J'arrive en vue de El Morro. Un rocher presque incongru qui se dresse sur cette plaine.
Je commence par faire un tour au camping, question de me réserver un emplacement... j'ai bien raison, car il n'en reste qu'un seul ! Ici, c'est gratuit. Toilettes sèches, et le robinet d'eau n'est pas encore remis en service... il gèle encore trop. Je suis prévenue pour la nuit !

Puis je vais au visitor center. Le ranger à l'entrée me sort tout son discours à un rythme d'enfer. Il est 3h30 et ils ferment à 5h... et pour faire le tour du site, la boucle de randonnée fait un peu plus de 2 miles. Il faut donc se dépêcher... ou revenir demain à l'ouverture, à 9h... ce qui fait tard selon mes critères.
Du coup, je speede complètement pour voir Inscription Trail, falaise qui comporte des dizaines de gravures anciennes ou contemporaine des premiers explorateurs de la région, j'ai le livret explicatif à potasser pour en savoir plus. L'autre curiosité, c'est un bassin naturel au pied de la falaise, qui a l'air bien profond et fait figure d'oasis dans ce désert minéral.
Je poursuit la randonnée sur le plateau de la mesa, au-dessus de nos têtes. Ca grimpe raide, et ensuite ça me rappelle mes divagations à Yellow Rock en 2013. La roche a cette couleur vanille, avec des tâches fraise/framboise ou nougat glacé. Et derrière, on trouve un joli petit canyon fermé ("box canyon") qui me rappelle un peu Bryce.
Tout en haut, on arrive à une ruine indienne, plusieurs pièces contigües et une kiva.

L'heure de redescendre au pas de course sans se casser le cou... Il est 4h45, et les rangers attendent les retardataires pour fermer leur boutique et les grilles du parc. La randonnée n'est pas accessible en dehors des heures d'ouverture afin de protéger le site.

5h, visites terminées pour la journée. Je peux aller planter ma tente tranquillement, puis me bricoler une giga salade... je n'ai fait que grignoter en roulant et je suis morte de faim.
Pause "blog" au chaud dans la voiture.
Et je pense que je ne vais pas faire de vieux os... fait froid dehors, et demain est un autre jour, où je commence pas loin d'ici, dans les coulées de lave d'El Malpais.

Demain soir, Albuquerque et un peu d'internet j'espère !

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