28 avril 2018 - Capitol Reef, Burr Trail et Scenic 12

La nuit s'est passée comme un charme. Finalement très peu de nuisances malgré la localisation. 
Les autres campeurs prennent leur temps, y compris (surtout) les camping car et autres mobile home, généralement affublés d'une remorque transportant des quads. C'est une distraction très en vogue dans tout l'ouest américain... et le terrain de jeu dans le coin est inépuisable. On les appelle "OHV" - Off Highway Vehicles. 

Petit déjeuner, repliage de la tente. Je décolle vers 8h, direction la station service d'en face, qui est fermée. Du coup, je vais à la station suivante (il y en a trois), où je fais le plein, trouve de la glace pour la glacière qui commençait à être bien tiède... et tape la discute avec des cowboys qui transportent quatre chevaux de rodéo. Enfin, je suppose. Ils ont des selles splendides et des robes comme les chevaux de western (pour ce que j'y connais....).
Je voulais passer au BLM (Bureau of Land Management) pour connaître l'état des pistes, mais on est samedi et ils sont fermés. 

Juste à côté se trouve un ancien moulin à grain... au moins je n'ai pas perdu mon temps ! Comme beaucoup de bâtiments un peu vieux, il est répertorié comme lieu historique - le Historic Wolverton Mill, avec quelques panneaux explicatifs.
J'en fais le tour assez rapidement, le temps de voir la mécanique qui activait la meule à partir de la grande roue exérieure. C'est toujours intéressant de voir que dans des coins aussi désertiques la vie fut parfois bouillonnante.

En route. Environ 40 miles jusqu'à Capitol Reef. La route est splendide comme toujours. Badlands, buttes... Tout le nuancier y passe des beiges aux bruns. 
En 2013, j'avais traversé des paysages de désolation, dans le secteur. Inondations à pertes de vue suite à de très violents orages. Aujourd'hui, le temps est magnifique, et on sent que l'hiver a été sec.

Finalement je pousse jusqu'au Visitor Center de Capitol Reef. L'occasion de repasser sur la route qui était quasi sinistrée en 2013. Là, ça grouille de monde... Ca change ! Finalement, l'ambiance de 2013 n'était pas si mal !

Le fond de la vallée est occupé par la rivière... et une végétation dense au pied des premiers reliefs.

De l'autre côté on accède à Cathedral Valley... mais ce sera pour une autre aventure. Toute seule, je pense que je vais encore hésiter longtemps à me lancer sur cette piste pas toujours facile.

La route "normale" se suffit à elle-même pour ce qui est de la scénographie locale. C'est somptueux. La montagne vient à vous jusque derrière le volant. On en prend plein les yeux !

Le ranger de service me briefe gentiment sur la Notom-Burr Trail : conditions idéales aujourd'hui. Juste penser à boire à intervalles réguliers pour éviter la déshydratation.

Et c'est parti pour de nouvelles aventures : le genre de piste que j'adore. Décor spectaculaire du Waterpocket Fold, un pli de l'écorce terrestre qui s'étire sur plus de 150 kilomètres, de toutes les couleurs bien évidemment. 

 

 

Le décor cabossé se transforme en corniches superposées... Henry Mountains à l'horizon. Le contrejour n'aide pas trop, mais pas vraiment le choix !

 

 

Les stries horizontales ont quelque chose de fascinant. L'endroit abrite quelques ranchs, et il est surprenant de voir des panneaux "no trespassing" ici ou là ! 

 

 

Puis le bitume cède le pas à la piste sablonneuse ou en tôle ondulée, selon les passages, mais la conduite reste agréable.

Première halte à proximité du petit camping de Cedar Mesa... au milieu des "cèdres", comme son nom l'indique. Bon, il s'agit plutôt de genévriers et de pins de petite taille qui se sont adaptés aux conditions extrêmes de l'endroit : hivers rigoureux, été torrides, vent et érosion toujours en action, sécheresse assez chronique !

Le paysage change progressivement : la piste a franchi une première série de crêtes minérales et serpente maintenant dans un creux... l'impression de passer entre deux dragons assoupis !

L'occasion de voir d'un côté de gigantesques triangles qui se dressent vers le ciel et de l'autre les "ramblais" tout en rondeurs qui les soutiennent - pour le coup, ça me rappelle les Painted Hills de l'Oregon avec leurs couleurs tranchées.

Puis on se rapproche de la muraille qui borde le côté ouest du corridor et qu'il va falloir franchir pour remonter sur le plateau. Le dragon ouvre sa gueule et nous allons passer entre ses dents !

C'est là que j'abandonne la Notom-Bullfrog Road pour bifurquer sur la Burr Trail. J'arrive au niveau des Switchbacks... entendre par là une montée à pic pour franchir la falaise, et donc des lacets bien serrés. J'adore aussi. C'est bien moins impressionnant à la montée qu'à la descente de toute façon !

Et les voitures ont l'air tellement minuscules, tout en bas... quand on prend de la hauteur ! On finit par voir au-delà des pitons rocheux avant d'arriver au pied du comité d'accueil, un gros pilier vermillon qui toise la piste.

Un peu plus loin, je tente le Upper Muley Twist, qui amène à un point de vue très réputé, le Strike Valley Overlook... mais bon : je ne vais pas risquer l'enlisement ou les pépins avec la voiture. La piste est donnée pour des 4x4, et à pied ça fait plus de 3,5 miles pour arriver au pied de la dernière montée pour le point de vue. C'est midi passé, le cagnard est insupportable... et le vent est déchaîné. Bref : c'est un truc à se taper une insolation au milieu de nulle part et je préfère passer la main. Tant pis, ce sera pour une éventuelle prochaine fois. La région regorge de joyaux !



On arrive à la sortie de Capitol Reef pour embrayer directement sur Grand Staircase Escalante. Un autre parc national, tout aussi splendide, même s'il est un peu moins spectaculaire. Les buttes et les canyons se succèdent le long de Burr Trail, une ancienne piste qui servait aux transhumances du bétail, en d'autres temps. Et comme son nom l'indique, nous attaquons l'escalier qui nous mène sur le plateau. Les côtes sont rudes pour franchir chaque marche !

J'arrive au niveau de ce que j'avais pu voir en 2013 (le reste que je viens de parcourir était complètement ravagé par les torrents de boue).

 

La route serpente dans le canyon, falaises de part et d'autre de l'asphalte. Par temps d'orage, les falaises deviennent cascades et la route se remplit telle une baignoire sans bonde suffisante pour évacuer les flots tumultueux.

Puis je m'octroie une pause dans le petit slot canyon au bout de Long Canyon. Pause bien sympathique et rafraîchissante. En 2013, c'était un bourbier dans lequel je ne m'étais pas aventurée !

 

Ensuite, je reviens sur mes traces d'il y a cinq ans, avec toujours autant de fascination pour ce décor incroyable. 

On passe sur des crêtes, ou dans des gorges, roches framboises ou vanille, tétons ou pitons ou pyramides... cela laisse cours à l'imagination la plus débridée !

 

 

Retour à la route "normale".

Boulder dans son creux cède la place au "Hogback"... le dos du sanglier qui s'étire entre deux canyons, offrant une vue en surplomb à couper le souffle sur les vallées qui courent en parallèle... je m'étais baladée dans celui de droite, Calf Creek, en 2003, qui se terminait au pied d'une jolie cascade rafraîchissante à souhait.

Un crochet par la rivière avant de remonter de l'autre côté ! 

Puis à nouveau des passages au milieu de l'omelette norvégienne... selon l'inspiration du moment !

Puis Escalante arrive. Je vais directement chez les Outfitters. Le camping est bondé, le resto aussi... quel changement. Je me trouve une place au milieu d'un bout de gazon. On dira que ça ira pour deux jours. 
Douche, un peu de lessive en passant. Je mange... je monte la tente dans un vent de folie (j'arrive avec le pack de flotte en attendant de planter les sardines)... 
Et je profite du wifi... au chaud et à l'abri dans la voiture. 

Demain est un autre jour... au programme, je pense faire Kodachrome tôt le matin, et Devils Garden pour la fin d'après-midi, question de libérer du temps lundi.