mercredi 25 avril 2018

25 avril 2018 - Bye Bye Colorado... bonjour Utah !

Après la soirée neigeuse d'hier, je m'attendais au pire. J'ai pourtant vu le bulletin météo hier soir à la télé... mais sans trop y prêter attention ni chercher à comprendre ce que représentaient les masses nuageuses et les flux indiqués. La météo ici ressemble à la météo France entière... et pour les USA, c'est évidemment à l'échelle du continent.

Donc ce matin, grand bleu. Froid bien piquant... la voiture est dans une gangue de cristaux qui brillent dans le soleil rasant ! Je la déplace pour que ça fonde un peu pendant que je charge mes affaires.



Les sommets sont blancs, mais l'enneigement est bien moindre que sur le versant parcouru hier. La saison touche à sa fin... encore un mois de ski, peut-être un peu plus s'il y a de nouvelles chutes de neige.

J'ai fait bouillir mes oeufs hier soir, de quoi alimenter quelques pique-nique. Il ne me reste qu'à trouver du pain pour compléter.

Entre deux, j'ai des nouvelles de chez nous. Coup de fil rapide pendant que j'ai du réseau. A partir d'aujourd'hui, ce sera assez aléatoire. Entre les zones urbaines, la couverture est très irrégulière.

Mise en route du carrosse après un peu de bricolage. J'ai remis des bretelles à mon sac en toile... l'art d'accommoder les lacets. Au moins j'ai un truc léger pour les randonnées expresses, moins encombrant que mon sac photo qui me broie l'épaule.

Première étape : Silverthorne même. Qu'on le croie ou non, impossible de trouver de la bouffe dans le patelin. La localité est réputée pour ses outlets (magasins d'usine comparables aux "Boulevard des marques" qu'on trouve un peu partout en France. Magasins de fringues de toutes factures, arts de la table... les assiettes sans le contenu (il y a un super magasin Le Creusot... j'imagine qu'ils ravitaillent les chalets locaux en poëlons à fondue, si tant est que cela se pratique ici !).
Bref, je me rabats sur le Seven Eleven de la station service. Du pain de mie bien blanc et caoutchouteux. A la réflexion, j'aurais pu temporiser et essayer de trouver vers Rifle Falls où j'ai prévu de pique-niquer à midi, mais bon... là, je suis parée et je n'ai pas besoin de refaire un arrêt.





Je reprends l'autoroute. J'avoue que le paysage est somptueux. Je ne connais rien de comparable en France. Sur la gauche on soupçonne les "fourteneers", les sommets qui dépassent 14000 pieds (plus ou moins 4000 mètres). Les stations se situent vers 3000 mètres.
La route descend graduellement. On a passé le col le plus haut hier, et on ne remontera pas aussi haut.
Dommage qu'on ne puisse pas s'arrêter à l'improviste. Entre les passages un peu larges, et les goulets plus étroits, c'est assez spectaculaire. Les arbres sont loin d'avoir leurs feuilles et la transparence permet d'apprécier la couleur du sol... rouge ici, brun plus loin, noir là-bas. La géologie locale est bien agitée !


Donc juste quelques vues glanées d'un arrêt "point de vue" à côté de Frisco...




... et d'autres au pied de Copper Mountain, où j'avais fait un stop en 2016 en sortant de la route de Leadville. On était en juin, et tout était blanc, bien plus que cette année.




Passé la barre des 2500 mètres, la neige est bien moins présente.
Je passe toute une série de stations. Quelques pistes sont encore maintenues. Cet hiver, la neige s'est faite rare et cela augure d'un été particulièrement sec.


On arrive dans une espèce de plaine d'altitude. Le Colorado serpente et prend ses aises. Je vais suivre le fleuve presque toute la journée... et ce soir, je l'entends, pas loin, au pied des falaises rouges. Je le retrouverai plus loin sur mon parcours.

Et voilà la sortie pour Rifle Falls. A l'origine, j'avais prévu d'y camper. Mais avec le changement d'horaire de la conférence mardi, je m'étais rabattue sur un point de chute un peu moins loin et c'est heureux. Là, c'était deux heures de route en plus, et une arrivée de nuit garantie. Et j'avoue que cette année, je ne me sentais pas de planter la tente à la frontale dès le premier jour comme en 2016 !


La route s'écarte rapidement de l'autoroute pour passer en mode "campagne".

Tout d'abord le Rifle Gap... que nous appellerions probablement "clue" en français. Le lit du torrent se fraye un passage entre des lames de falaise verticales.
 
 

Plus haut, un lac retenu par un barrage artificiel. Le paradis des pêcheurs apparemment !


J'observe en passant plus loin d'autres lames rocheuses... cela rappelle un peu les lames verticales qu'on trouve vers Digne.

Après cette introduction particulièrement plaisante, j'arrive au parc recherché. Je ne savais pas du tout ce qui m'attendait à l'arrivée... ni même si la présence de neige était possible.
Au final, pas de neige ici, mais les emplacements les plus sympas, au bord du ruisseau, sont tous squattés par des campings car en longue durée. L'auberge d'hier soir était vraiment top, pas de regrets à avoir !

Je me gare à l'ombre, embarque mon sac en toile avec un peu d'eau et mon portefeuille, et c'est parti pour le tour express des deux sentiers de randonnée du coin.



L'attraction principale, ce sont les trois chutes d'eaux "jumelles". Elles ont un sacré débit et le site est impressionnant. Toute la falaise est en tuf... les cascades ne datent pas d'hier.





Le sentier se poursuit dans un petit réseau de grottes et cavités diverses. Cela me fait penser à Cotignac dans le Var... avec les chutes d'eau en plus.




... avant d'accéder au haut du site. 
Ici, quelques bassins font la joie des pêcheurs et des oies sauvages de passage. Ancienne pisciculture ?? Il y en a une importante en amont du parc, mais la randonnée pour y aller est trop longue pour la caser dans mon planning. Je me contente de tirer le portrait au palmipède curieux !




 

Et retourne me concentrer sur la vue plongeante sur les cascades.




 
La descente permet de voir quelques autres cavités... avant de revenir sur ses pas. Le printemps commence à battre son plein, les yeux piquent, les sinus n'en peuvent plus. Ce soir, j'attaque l'antihistaminique pour endiguer l'inflammation !


Une fois le tour fini, je reviens aux chutes.



Manifestement, on peut accéder à l'arrière des flots et je n'ai pas vu par où au premier passage. Les brumisations engendrent un petit arc-en-ciel, et on a une vue incroyable de l'alcôve située derrière les chutes.



Bref... un grand moment !


Je termine la visite par une pause pique-nique bien appréciée au bord du ruisseau et des bassins naturels.


Je pense que le décalage horaire est bientôt résorbé... j'ai de nouveau faim à midi !!! Depuis samedi, je me contentais d'un solide petit déj' et une d'une grosse soupe le soir. La période de grâce est finie !

Je quitte donc Rifle Falls avec l'occasion de voir de près les étangs qui parsèment le décor.



Puis l'autoroute file en direction de Grand Junction. C'est la dernière ville du Colorado avant de passer dans l'Utah. J'ai prévu de m'arrêter à l'office du tourisme de Fruita, où j'avais apprécié l'accueil en 2016. J'y retrouve les mêmes têtes. Une des dames a des ancêtres alsaciens et se dit qu'il faudrait qu'elle tente de voyager en France ! Je récupère quelques docs en vue de la fin du séjour qui repasse par le Colorado.
De là, je refais le plein. Fini les stations services à profusion... maintenant je vais devoir faire attention à ne pas tomber en rade au milieu de nulle part... et donc refaire le plein avant d'atteindre le tiers du réservoir.

Le paysage n'a plus rien de bucolique. Le Colorado, qui se prélassait en étangs et marécages sur tout le fond de la vallée, s'est maintenant tassé le long des falaises à l'horizon. La route lui fait une infidélité pendant quelques kilomètres, le temps de sortir de la I70 pour prendre la 128 touristique.

C'est carrément désertique ici. En 2016 j'avais repéré plusieurs antilopes "pronghorn" endémiques de cet habitat rigoureux.



La route descend et serpente de concert avec le fleuve. Vert et boueux en ce moment, mais avec des reflets rouges flamboyant quand le soleil illumine les falaises qui le borde.

J'aperçois enfin les Fisher Towers à l'horizon. Avec un peu de chance j'y trouverai un emplacement pour camper...






Sur place, les illusions s'effondrent. Il n'y a que 5 places et certaines semblent occupées par des résidents de longue durée.
Je me contente d'une courte balade. Il est près de 6 heures, et il faut compter environ 4 heures pour la randonnée complète. En plus, je ne trouve pas le début du bon sentier, masqué par des voitures en stationnement. Ce sera pour une autre fois.





Je me replie ensuite sur le camping de Lower Onion Creek, qui jouxte une rampe de mise à l'eau. Il reste quelques emplacements... je ne finasse pas. Les places sont chères dans le secteur, et au moins ici on est loin de la route.
Pas d'arbres, à peine quelques buissons... mais bon, je ne reste pas demain, donc je me fiche un peu de l'ombre.

J'installe ma tente. Un peu laborieux. Le terrain n'est pas plat, y'a des cailloux... et la bâche que j'ai achetée est trop petite et couvre à peine le plancher de la tente. Mais bon, ça ira. Je verrai ce que je fais pour "habiller le vestibule" de mon chez moi. Pour ce soir, je me contente d'un sac poubelle étalé devant l'entrée.
Dans deux jours j'aurai pris mes marques et ça ira plus vite.



J'ai une vue imprenable sur les Fisher Towers, juste en face, et sur d'autres mesas toutes proches. Au loin, les La Sal Mountains sont illuminées dans le soleil couchant. Finalement, c'est peut-être mieux d'être ici.




 
 
Et enfin, j'attaque le "régime camping". Salade de tomates et avocat, basilic, jus de citron et filet d'huile d'olive, avec quelques tranches de jambon de dinde. Je me réserve les conserves de thon pour plus tard. Yaourt en dessert. C'est royal.
Le soleil disparaît pour de bon. La fraîcheur s'installe... finalement je vais quand même utiliser mes deux sacs de couchage pour me faire un cocon douillet... la nuit risque d'être fraîche.

Je ferme la voiture. Je m'enferme dans ma tente avec mon stock de lingettes... et je passe en mode nuit, avec une séance de saisie en préambule : l'ordi est posé sur la boîte de kleenex... et je suis à plat ventre sur le matelas. C'est encore comme ça que ça va le mieux. La tente est vraiment en pente, je vais faire du toboggan toute la nuit !!!!

22h... les mecs des emplacements voisins rentrent enfin. Apparemment ils connaissent les autres voisins. Bref... ça beugle dans tous les sens (ils ont les mêmes beaufs ici que chez nous), portières qui claquent, moteurs qui rugissent... aucun respect. Normalement le couvre-feu c'est 22 heures dans les campings. Manifestement d'autres leur font remarquer... ils baissent d'un ton. Mais bon. Je pensais m'affranchir des boules quiès et c'est loupé. Ca brasse trop autour.

Allez... c'est tout pour aujourd'hui. J'essaie de passer à l'office du tourisme demain avant de reprendre la route. Ils ont du wifi... et de la doc sur mes explorations des jours à venir !

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