lundi 8 septembre 2014

6 septembre - A fond de Lassen à Laytonville

La nuit fut moyennement mouvementée... des crétins sont arrivés sur le coup de 3h du matin, et ont élu domicile sur l'emplacement vacant à côté du mien. Normalement, j'étais dans une "Tent only loop", donc que des tentes plantées au sol. Eux, ont une espèce de caravane-tente, qui grince abondamment à la mise en place. Sans compter le déploiement à la lueur des phares... bref : entre le bruit et la lumière, c'était pas glop. Heureusement que j'avais les bouchons à portée de main, j'ai pu me rendormir en me cachant au fond du duvet.

Réveil relativement matinal. Le corollaire des bouchons, c'est qu'on n'est plus dérangé par aucun bruit, et donc on ne bénéficie pas du réveil-matin procuré par le bruissement du camping qui s'ébroue. Je replie rapidement mes affaires, gère le petit déjeuner en parallèle du dernier démontage de la tente. En l'occurrence, j'essaie de bien tout plier comme il faut, question de ne pas avoir à le refaire chez Paula avant de rendre le matériel. Là, j'ai de la chance : bien que le lac ne soit pas loin, l'air est vraiment sec et il n'y a eu aucune condensation pendant la nuit. Pas besoin de faire sécher la tente.

Je me mets en route vers 8h30, la voiture raisonnablement rangée. La lumière du matin met en relief les éléments du paysage qui étaient dans l'ombre hier soir. 




J'évite une biche et ses deux faons qui traversent la route sous mon nez, un peu plus loin, c'est un ranger qui est en train de donner un dernier coup de balai sur la route où un arbre est manifestement tombé pendant la nuit... du coup, je lève un peu le pied entre les quelques pauses photos complémentaires qui jalonnent la route avant d'arriver au départ du sentier qui monte au Lassen Peak.

 

Il y a déjà plusieurs voitures, dont celles des équipes du CCC (California Construction Corps - à ne pas confondre avec le Civilian Construction Corps qui remplissait la même fonction il y a longtemps !) qui aménagent ou réaménagent le sentier. 
Dont une bien typique avec ses bumper stickers... je m'empresserai de faire une photo de la voiture de Paula pour contrebalancer celle-ci... à voir demain !!!


Je m'équipe de pied en cape... on n'est jamais trop prudent et je n'ai aucune idée de ce à quoi ressemble le sentier. J'ai un peu été échaudée par Smith Rock en début de semaine. Sans oublier la phase "creaming" avec le selfie du jour dans la vitre latérale arrière qui faisait office de miroir tous les matins !!!


Et en route vers 10h. L'ascension est gentille. Ca monte doucement, le sentier fait de nombreux zigzags ce qui évite une pente trop raide. Plusieurs équipes du CCC s'affairent à différents endroits du sentier, en train de mettre des bordures en pierre, ou de renforcer les virages, ou même de poser quelques marches quand c'est trop pentu. Bref : de la randonnée tranquille. 









Manifestement, c'est prévu comme ça ou presque jusqu'au sommet, avec l'obligation pour les randonneurs d'emprunter le sentier "civilisé" afin de ne pas détériorer les sols très fragiles par ailleurs. L'ascension complète jusqu'au sommet n'est possible que quelques week-ends dans l'année, justement pour protéger contre l'érosion induite par une trop forte fréquentation. 



Je reste un peu sur ma faim : le sentier est donc interrompu à mi-hauteur, et à aucun endroit il n'est donné d'entre-apercevoir le mont Shasta. D'ailleurs, je ne le reverrai plus, la route de sortie du parc n'étant pas orientée comme il faut, et surtout, la couverture forestière étant trop dense - aucune fenêtre avec vue !

Je redescends donc du pic Lassen pour l'heure du pique-nique. Ces efforts m'ont un peu creusé, et je vais me poser sur les rives du lac Helen... envahies par un groupe de chinois (si, si... ils sont partout !!!). Deux oeufs durs, une cannette de V8 "Hot Spicy", quelques fruits secs, et c'est reparti pour un tour. Direction le Bumpass Hell, dont le parking est un peu plus loin. 



Je me rééquipe... sommairement. Quand je vois que tout le monde se précipite limite en tongs, je me dis que ce n'est peut-être pas la peine de prendre les bâtons et le gros sac de randonnée. Donc petit sac avec le plein d'eau, et en avant.


Le sentier commence par longer la corniche, et passe... devant le lac Helen. J'aurais en fait pu rester stationner au même endroit, ce qui m'aurait économisé 500 mètres peu intéressants, et le cirque sur le parking. La marche d'approche fait près d'un mile et demi. C'est joli, mais moyennement intéressant, et surtout, c'est bondé. Pour le coup, il y a même plus de monde qu'aux points de vue de Crater Lake. On se croirait presque à Yosemite, c'est tout dire !!!
 


Le groupe de chinois croisé précédemment me sollicite pour leur tirer un portrait de groupe. Donc je m'y colle avec trois appareils photos. Ils sont ravis. Plutôt amusant. Un des papys me sort les trois mots de français et d'allemand qu'il connaît suite à un périple en Europe. 



Je me dépêche de les doubler avant qu'ils n'occupent tout le chemin. 

L'arrivée à Bumpass Hell se fait au détour d'un virage : le site est en contrebas. On le sent avant de le voir... odeur soufrée d'oeufs pourris caractéristique. Puis on l'entend... Après la lègère montée qu'on avait depuis le départ, là c'est un peu le toboggan. 


C'est un des quatre ou cinq sites du parc qui lui ont donné comme appellation "le Yellowstone californien". Donc une vallée multicolore : des jaunes soufrés, des blancs, des orange et des rouges, des gris sombres, des bloublous et des glouglous, des pfff et des pschitts. On s'y croirait. Il ne manque que les geysers pour que le tableau soit parfait !!! 





 
 






Je passe un certain temps sur place : ça me fascine, cette façon qu'a la terre de respirer, d'exhaler ses entrailles. Tout au bout, à côté d'une marmite bouillonnante et frémissante se trouve un petit lac d'eau claire et froide. Le contraste absolu, un pied de nez de la nature !


L'heure tourne, toujours... j'ai quand même un brin de route à m'enquiller après ce spectacle, et j'attaque donc la remontée à petits pas réguliers. Je double mes chinois, qui soufflent dans la côte, je double aussi tout un tas de papys et mamys qui étaient partis gaillardement et qui calent un peu à mi-hauteur. C'est vrai que c'est raide, mais il n'y en a pas long ! 

Retour sur la corniche, pas plus passionnante qu'à l'aller, et arrivée au parking où c'est la foire d'empogne. Un peu l'heure de pointe... et la queue auprès des toilettes ! 

Je me débarrasse des mes chaussures de randonnée, remets les sandales, plus agréables pour conduire, et je me lance dans le bout de descente que je n'ai pas exploré hier soir. J'avoue que je suis un peu blasée, préoccupée par l'heure avancée... 15h30 passé. Je fais quelques haltes, quelques vues de l'autre face du Lassen Peak et de ses assesseurs...



... et une petite pause notamment au Sulphur Works, des bloublous soufrés juste en bord de route. Je ne m'en lasse pas, et je ne peux résister à ce type d'arrêt ! Cela rappelle que le volcan est encore bien vivant, prêt à nous refaire une catastrophe quand dame Nature le décidera... 



C'est fort beau, ma foi, mais je suis contente d'avoir fait la route dans ce sens, en descendant depuis le côté "explosé" de la montagne. La prochaine fois, il faudra que je prévoie d'aller du côté est, accessible par des pistes ou routes qui ne sont pas connectées à la route principale. 

Dernier stop pour le Visitor Center qui se trouve à l'entrée sud du parc : il me faut encore trois cartes postales pour terminer mes envois... et une pause "technique" en prévision de la longue route qui commence aussitôt les portes du parc franchies.

Direction Laytonville. 4h30 de route. Ce qui va me faire arriver vers 20h30 si tout va bien. Je mets le GPS en route, par curiosité, pour voir par où il va me faire passer. Il a la sale manie de vouloir me faire tourner à des endroits où il n'y a pas de route, ou alors par des sentiers qui seraient tout au plus praticables par des VTT !!! Là, j'ai au moins 50 miles "tranquilles" avant d'avoir le choix de l'itinéraire. 


Je trace jusqu'à Red Bluff. Le jeu, pour agrémenter la route par ailleurs fort jolie, c'est d'améliorer le record de consommation de la voiture (elle a plein de fonctions amusantes). Ce que j'arrive à faire bien mieux dans cette descente de la montagne qui dure pendant des kilomètres presque à tombeau ouvert : hormis quelques passages sinueux, ce sont de grandes lignes droites qui suivent les lignes de crête, avec des champs de basalte plus ou moins herbeux de part et d'autre de la chaussée. J'arrive donc à établir un nouveau record : 44 miles par gallon en moyenne pour 50 miles parcourus. Un petit curseur indique en temps réel quelle est la consommation de la bête. Dans les descentes, c'est fabuleux. Dans les côtes, c'est à pleurer...  et quand on se lance à faire la course contre la montre, c'est pas terrible. Mais c'est pourtant l'option que je prends. 




Après Red Bluff, le GPS tient absolument à me faire tirer un cap plein ouest, via Weaverville et Fortuna, probablement. J'avais éliminé ce trajet car il passe par la montagne, et ce n'est pas du tout roulant. En plus, je n'ai pas suivi du tout les nouvelles sur le front des incendies dans ce coin-là, mais il est plus que probable que la circulation soit perturbée par cet événement. La zone de Happy Camp est toujours dans la fumée...
Du coup, je tourne carrément le dos à l'itinéraire préconisé, en optant pour l'I5 plein sud. L'idée est de contourner le massif montagneux par le sud, passer par Bear Valley puis longer Clear Lake avant de repiquer à la 101 au niveau d'Ukiah. Cet itinéraire permet en outre de ne pas avoir le soleil dans la figure pendant toute la traversée de la montagne... et aussi de gazer : on a droit à 70 miles à l'heure sur l'autoroute ! 


Au bout d'un moment, madame GPS a enfin compris ma manoeuvre... recalculating, recalculating, recalculating... me tance la voix féminine de l'engin.
Au final, j'arrive à Laytonville plus vite que prévu (bon, 15 minutes de mieux). Le contournement du lac à Clear Lake était magnifique dans la lumière de fin de journée, et il y a toujours autant d'oiseaux perchés sur ses rives.

A Laytonville, Paula a réservé au mexicain du coin, qui est encore ouvert quand j'arrive. Ouf. C'est ultra-speed : je saute hors de ma voiture, fais une escale technique à l'arrache avant de m'affaler dans la voiture de Paula qui est prête à bondir ! Le mexicain est un nouveau resto "en ville". Et il a la réputation d'être le meilleur dans ce registre de Ukiah à Eureka. Bref : nous nous régalons !

Retour à la maison. Je vide partiellement mes affaires avant de succomber à une douche salvatrice. L'impression d'être un tas de poussière ambulant me quitte un peu... Maintenant, c'est l'heure d'aller dormir : demain est un autre jour. Selon l'état des troupes, soit je reste tranquillou à la maison à refaire mon paquetage, soit je retourne à Clear Lake avec Paula qui a un concert dans l'après-midi. C'est tentant ! 

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