Réveil un peu laborieux à 7h30, quand le reste du camp commence à bruire.
Le soleil point à peine. Le cadre est magnifique, au pied de falaises rouges en surplomb du petit lac réservoir où se promènent quelques volatiles. L'arrivée nocturne ne m'avait pas permis d'apprécier la vue et la quiétude de l'endroit.
Ce matin, je dois trouver un rythme pour le démontage de la tente, et le rangement de la voiture. Le matériel de camping trouve naturellement sa place derrière le siège copilote, et le matelas pneumatique a le format idéal pour servir de bâche afin de dissimuler le contenu du coffre.
Je profite aussi de cette mise en route pour organiser "ma maison" : glacière sur le côté gauche du coffre, derrière la petite moitié de la banquette arrière, boîtes et vivres non périssables dans des cartons au milieu, et sac de voyage sur le côté droit. Si j'ai besoin de m'installer en mode couchette, il suffit d'évacuer les cartons de bouffe et le sac de voyage pour bénéficier du rabattement 2/3 de la banquette arrière.
En parallèle, je m'accorde un petit déjeuner copieux, le temps de dégazer un peu... je comate à fond. Le cerveau n'est pas encore bien branché. Je n'ai pas encore récupéré de ma presque nuit blanche à l'arrivée.
Je finis par décoller à 8h30 passé. Pas top. Personne sur la route. Je refais le plein de la voiture à la première pompe de Hurricane. La ville est déserte.... sont-ils tous au temple ???
Je divague un peu, et laisse ostensiblement la route de Springdale à tribord. Et tout à coup, je suis de nouveau à l'entrée de l'I15 que j'avais quittée hier soir pour aller camper. Il y a maldonne, assurément. Demi-tour, et retour à La Verkin. Pour prendre la route de Springdale. Si encore ils fléchaient Zion en énorme, on comprendrait même en étant au radar.
Bref... les neurones ne sont pas encore bien paramétrés. Avec tout ça, j'ai perdu une demie heure. Pas malin. Je vais donc shunter la petite ville fantôme de Grafton qui se trouve à proximité.
Entrée du parc à 9h30. J'achète le Pass annuel des parcs "America the Beautiful", qui sera vite rentabilisé.
Ensuite, l'idée est de monter tout de suite au départ des randonnées du Canyon Overlook. J'admire la vue au passage. Les montagnes exposent au soleil leurs strates multicolores.
Evidemment, ça bouchonne. Les tunnels ne se passent qu'en circulation alternée. Du coup, il est quasiment 10h quand j'arrive en haut. Les deux malheureux parkings, grands comme des mouchoirs de poche, sont déjà complets... et de toute façon, on ne peut pas faire demi-tour devant la cahute des rangers pour se garer dans l'espace qui vient de se libérer, dans les 10 minutes d'attente pour amorcer la redescente.
Donc pas d'autre solution que de repasser le tunnel et descendre pour éventuellement faire (refaire) demi-tour et retenter ma chance au parking.
Bref : à ce jeu, je perds un peu patience. La moutarde me monte au nez. Zion m'insupporte déjà... Je vais donc me garer au Visitor Center pour prendre une navette qui remonte la vallée. J'en profite pour faire un tour à la boutique, et me trouver quelques cartes qui seront fort utiles pour la suite du trajet. Il y a un monde fou. J'avais juste, un peu, occulté le fait qu'on est dimanche, et qu'en plus des touristes, on a tous les "simples" américains qui profitent du week-end pour s'échapper des métropoles locales (Salt Lake City entre autres).
11h30, enfin assise dans la navette. Le cadre est magnifique.
Direction "Temple of Sinawawa", le bout du bout de la vallée, afin de faire la balade qui longe la rivière jusqu'au départ des Narrows. Je n'ai pas pris mes sandales d'eau pour aller patauger. Cela étant, c'est pas plus mal. Il y a la foule des grands jours, et la foule, j'aime pas trop.
Retour aux navettes, et je m'arrêterai à certains points pour profiter de la vue ou autre. Notamment Weeping Rock, qui m'a bien plu. Avec toute l'eau tombée les jours derniers, les écoulements le long de la falaise sont assez importants, pas juste un suintement. La vue de l'alcôve surplombant la forêt est très jolie, l'impression d'habiter dans la canopée. Et il y règne un peu de fraîcheur, pas désagréable du tout !
La quiétude est rompue par un défilé de véhicules de secours qui rushent vers les Narrows toutes sirènes hurlantes. Impressionnant. Renseignements pris, quelqu'un a fait un malaise en remontant la rivière par voie d'eau. Une autre version des faits, relevée à la radio, indique qu'ils ont pu lancer des opérations de secours pour un randonneur qui s'est blessé la veille mais n'a pas pu être secouru tout de suite en raison des intempéries (ça devait être le gros orage croisé en route dans les gorges de la Virgin River).
Pause au lodge pour un sandwich-salade express accompagné d'un grand verre de coca-glaçons. Fait chaud !
Reprise de la navette, récupération de la voiture, et hop. En route. En direction des tunnels et du haut du parc. Il y a encore foule et tout le monde s'arrête ici ou là pour prendre des photos. En l'occurrence, la lumière est bien différente de ce matin, et c'est très beau.
Je décide de ne pas re-tenter la randonnée au Canyon Overlook. L'heure tourne, autant rouler de jour. La route qui traverse le parc est splendide. En fait, le haut de Zion me semble plus passionnant que le fond de vallée, et en tout cas, moins peuplé.
Haltes au vol pour prendre quelques photos... et faire connaissance avec les formations géologiques locales, qui m'accompagneront pour une bonne partie du voyage : strates multicolores, zébrures de toutes sortes, cailloux, sable, rochers, pyramides, arches ou alcôves... le paradis, émaillé de quelques plantes qu'on ne s'attendrait pas à trouver là !
Puis route vers Bryce. Environ deux heures dans des paysages qui varient, entre forêts et steppes. Averse et joli arc-en-ciel vers Mount Carmel Junction.
Arrêt à Red Rock Canyon, sur la Scenic Road 12. Les roches rouges interpellent l'automobiliste dans le soleil qui décline. Un endroit qui mérite sans doute qu'on s'y attarde plus longtemps... à noter pour la prochaine fois.
Arrivée à Bryce dans les temps, vers 18h. Il fait encore jour, youpiie !
Pas d'accueil au camping, pas de plan non plus. Un peu la zone. Je trouve mon emplacement après avoir compris que son numéro figure sur ma réservation... le neurone, là-haut, a vraiment du mal ! Mes voisins me donnent gentiment le plan du camp qu'ils ont en double, question de me repérer !
Plantage de tente express, et direction Sunset Point, qui n'est pas loin, une bonne occasion de me dégourdir les jambes. Un peu tard pour le sunset. Les nuages occultent aussi le soleil, ça nuit sérieusement à la lumière ! Mais le spectacle est renversant. Toute la falaise a été dévorée par l'érosion et il ne reste que des piques verticales. On croirait voir une planche de fakir géante... et on imagine le labyrinthe caché au pied de ce décor.
Prise de contact aussi avec l'armée des photographes et leurs trépieds dans lesquels il vaut mieux ne pas trébucher. Difficile de se frayer un chemin vers la lumière ou simplement vers un bout de vue.
Et puis... manifestement le sentier de Navajo Loop est fermé pour cause de chutes de pierres... faudra revoir le programme des randonnées !
Un cerf broute dans la quiétude du sous-bois à proximité, à quelques mètres à peine. Dans la pénombre on l'aperçoit à peine.
Retour à la tente, pique-nique sous les grands arbres, discussion rapide avec les voisins, toilette de chat, et dodo avec pyjama polaire et chemise en laine et drap de soie. Consignes anti-ours... tout le superflu reste dans la voiture. La tente est comme un cocon ! La nuit s'annonce fraîche... elle commence étoilée et lumineuse avec la lune qui est presque pleine... mais la froidure calme mes envies de veille la tête en l'air au milieu des constellations. Le fond de l'air est piquant, et je m'écroule bien vite.
Toutes les photos de la journées sont ICI !
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